La fête de l’agriculture du 10 messidor an VI à Valence commence à huit heures dans les locaux de l’administration du département où une quarantaine de participants assistent à l’investiture officielle des membres de la société d’agriculture.
De 1789 à 1799, la fête civique est un moment destiné à façonner l’esprit public autour d ’un contenu politique et social. Le cérémonial est destiné à susciter la ferveur et l’adhésion du peuple.
Cette fête de l’agriculture réunit tous les ingrédients susceptibles d’en faire, selon la vision des autorités, un moment de formation civique et de fusion dans une véritable foi patriotique. De plus le ministre de l’Intérieur chargé de l’agriculture, y voit le moyen de faire passer ses vues sur l’agriculture nouvelle, comme par exemple la suppression de la jachère, remplacée par l’utilisation d’engrais.
Les orientations nationales et départementales étant posées, c’est le citoyen Blancard, agriculteur à Loriol, qui, en ce 10 messidor de l’an VI, se charge de fournir les propositions de la Société libre d’agriculture de la Drôme en vue de changer les pratiques agricoles et de développer l’économie rurale.
Blancard esquisse les contours d’une nouvelle agriculture parmi lesquels la réduction du morcellement des terres permettra des investissements en matériels, en semences, en animaux de qualité.
Il convient, poursuit Blancard, de « passer de l’agriculture comme moyen de subsistance à l’agriculture comme métier ». C’est la perspective d’une agriculture rentable dans un monde marchand, pour ne pas dire capitaliste, qui se profile ici.
Parmi les moyens, Blancard mentionne la diminution des contributions foncières, on dirait maintenant une baisse des charges.
Les autres moyens mis en avant sont destinés à améliorer les pratiques et les rendements agricoles : utilisation de la charrue type Norfolk, amélioration des semences et des races de moutons, bœufs et chevaux. Pour terminer son tour d’horizon des moyens favorables à l’amélioration de l’agriculture, Blancard insiste sur l’impérieuse nécessité de développer la formation des agriculteurs.
Si la fête de l’agriculture a disparu, la Société libre d’agriculture a connu diverses évolutions avant de devenir la Société des agriculteurs de la Drôme qui, forte d’une quarantaine de membres, est toujours active et influente.