Association universitaire d'études drômoises
L'AUED est une association reconnue d'utilité publique qui édite Études drômoises, la revue du patrimoine de la Drôme

Se rendre à Grignan aux XVIIIe et XIXe siècles, quelle épreuve !

par AUED

Par Christian Trézin

Études drômoises n° 71 (octobre 2017)
pp. 6 à 9

Résumé d’après l’article

Les premiers touristes décidés à se rendre à Grignan avaient bien du mérite si l’on tient compte de l’état déplorable des routes et des chemins. Grignan devient au XVIIIe siècle une étape des voyageurs dans leurs « tours » en France ou sur la route de l’Italie.

Quelques-uns ont laissé des témoignages éloquents. Le suisse Horace Bénédict de Saussure introduit ce florilège en 1787 avec un propos conçu comme un guide de voyage naturaliste mais parsemé de remarques édifiantes sur les difficultés du trajet vers Grignan : « Mais croiroit-on que le voyage de Grignan soit difficile & presque dangereux. C’est presque toujours à Montélimar que l’on prend des chevaux pour y aller… Nous suivîmes donc cette route … & nous entrâmes dans une grande plaine couverte d’une broussaille de chênes verds, de genévriers & de buis, où la route étoit à peine indiquée… En suivant ainsi le fond de ce vallon par un mauvais chemin, sillonné par de profondes ornières dans un sable argileux, nous vînmes en 4 heures ½ depuis Montélimar au petit bourg de Vallaurie…

Dans cet endroit le chemin étoit si mauvais, que sans une extrême imprudence on ne pouvoit pas demeurer en voiture. Il fallut donc faire à pied près d’une demi-lieue. »

Un an plus tard, un illustre visiteur anglais, le dessinateur William Shipley, fondateur de la Royal Society of Arts de Londres, nous donne en français le 4 mai 1788 un autre témoignage :
« En allant de Paris à Grignan, on quitte le grand chemin de Marseilles à Montélimar, et quand la Comtesse descendoit le Rhône, elle quittoit son bâteau à un quart de lieue de Montélimart, d’où elle n’eut que trois lieues à son château ; mais si elle descendoit la rivière jusqu’à Avignon, je suis persuadé qu’elle eût deux fortes journées de là à Grignan. »

Les véritables guides de voyage, qui se développent au XIXe siècle, ne semblent convaincus ni par l’état des routes ni pas les grâces de ce pays : « Le caractère de la population paraît influencé par le soleil brûlant… Leurs manières sont grossières, leur apparence vulgaire et leur langage rude, leur patois est incompréhensible, même pour les Français, tout comme en Espagne. »

En 1842 la route de Donzère à Grignan est enfin empierrée selon la technique du macadam. Mais depuis Montélimar seuls les anciens chemins de terre et de pierre, souvent défoncés, décrits et décriés par les voyageurs d’antan, permettent encore d’atteindre Grignan.

Extrait de la carte de la Drôme dressée en l'an XII
Le château de Rochefort-en-Valdaine au XIXe siècle

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