Parmi les animaux impliqués dans la Grande Guerre, nous avons choisi pour cet article le cheval, force motrice primordiale de l’époque et dont la réquisition a eu le plus d’impact sur l’activité économique de notre département.
Durant les quatre années de guerre 2 755 000 chevaux et mulets furent employés et 1 140 000 périrent. Cette situation explique l’importance des réquisitions qui durent être effectuées.
Si la Grande Guerre a été marquée par la fin de la cavalerie classique, les chevaux ont eu un rôle essentiel dans la logistique du conflit : transport des troupes, des marchandises et de l’artillerie légère.
Un plan d’approvisionnement est établi pour chaque unité par des commissions de classement. Différentes lois organisent le recensement général des chevaux, juments, mulets et mules d’un âge égal ou supérieur à 5 ans.
Des affiches sont apposées dans les communes, avant le passage des commissions. Les propriétaires doivent présenter tous leurs chevaux, juments, mulets et mules ayant atteint l’âge minimum fixé par la loi.
Le prix d’achat est fixé par le président de la commission et le vétérinaire qui constituent le comité d’achats.
Globalement, cette grande réquisition malgré son impact considérable sur l’activité économique et agricole de notre pays s’est bien déroulée : « chacun a fait son devoir » déclare le préfet de la Manche.
La grande réquisition de 1914 a fait diminuer d’environ 43 % l’effectif équin et de 25 % l’effectif mulassier et en 4 ans les effectifs de ces espèces étaient presque reconstitués.
Le conflit s’éternisant et les situations vécues par les populations dans les campagnes s’aggravant, des doléances (très nombreuses dans les archives départementales de la Drôme) puis des conflits sont apparus notamment sur le montant des prix payés par l’administration.
Le peu de considération pour la condition animale peut expliquer différents aspects du traitement rude réservé aux animaux : alimentation insuffisante, protection contre les intempéries inadaptée, stress intense sous estimé, absence de services de soins vétérinaires.
Avis du général Pershing, chef du contingent américain : « Les chevaux et les mulets de l’armée se sont montrés d’une valeur inestimable en conduisant la guerre à une fin heureuse. On les trouvait sur tous les terrains d’opérations, remplissant leurs tâches fidèlement et en silence, sans pouvoir en espérer aucune récompense ni compensation ».