Pierre Bernard, président du comité ANACR de Romans-Bourg-de-Péage, originaire du Diois, fils de Résistant, a découvert ces histoires de soldats allemands qui méritent d’être mieux connues. C’est ce qu’il nous rapporte dans cet article.
Le 23 juillet 1944, l’ID 338, une petite unité allemande, arrive à Marignac-en-Diois. Les Allemands retiennent six cultivateurs : Gilbert Eymard, Gustave Cutivel, Maurice Lagier, Marcel Maillet, Robert Ravel, Gabriel Second. Ils réquisitionnent aussi le jeune Ravel, 14 ans. Madame Ravel s’y oppose. Hans Teutsch intervient une première fois et dit au jeune : « Retourne vite chez ta mère, je ne t’ai pas vu ».
Les Allemands exigent aussi de fournir nos chevaux pour monter leur matériel au col de Vassieux, à 1 030 m, par un dur sentier qui part à l’est de Marignac. « Parmi les Allemands, le soldat Hans Teutsch, 32 ans, est d’une extrême gentillesse à notre égard et il parle français. Le sentier est très pénible. À chaque halte, il nous laisse prendre du repos. Il s’occupe même de faire boire nos chevaux. »
Le 25 juillet idem : un incident notoire se déroule avec des miliciens français venus de Lyon. Ceux-ci veulent garder et fusiller les sept Français pour qu’ils ne puissent pas témoigner de leur présence à Vassieux. Hans réagit fermement : « Je vais avertir mon officier supérieur, le commandant Zabel, qui commande tout le secteur et je garde avec moi les sept Français ».
Le régiment allemand remonte vers la Normandie où a eu lieu le débarquement. Hans est fait prisonnier par les Américains vers le 15 août. Il écrit à ses parents, à Lahr en Allemagne, « Je suis prisonnier des Américains, je ne fais plus cette guerre, je ne veux pas tuer des hommes ». Il est libéré au cours de l’été 1945 et il retrouve sa ferme en Forêt Noire, occupée par des Français qui lui font des difficultés pour qu’il réintègre sa propre maison. Mis au courant de ces difficultés, les sept cultivateurs de Marignac attestent auprès de l’état-major français de sa conduite envers eux lors de son passage dans le Diois. De ce fait Hans récupère trois pièces dans sa ferme.
Ainsi, au milieu de nazis, se trouvaient des hommes qui n’acceptaient pas la barbarie guerrière qu’on leur faisait jouer. Même dans le drame du Vercors, un homme comme Hans Teutsch – mais aussi son capitaine – ont eu une attitude courageuse qui aurait pu leur coûter la vie si l’on avait découvert leur complicité avec les agriculteurs français de Marignac.