En août 1914, les premières offensives françaises se déploient dans les Vosges et sur le plateau lorrain.
Des Alsaciens sont évacués vers l’arrière notamment à Romans où ils sont hébergés dans « l’école pratique de commerce et d’industrie » (actuel lycée Auguste-Bouvet) jusqu’à l’arrivée, le 10 septembre d’un détachement de 44 prisonniers allemands.
La guerre se prolonge, le nombre des prisonniers s’accroît ; fin septembre, avec 620 prisonniers, l’école pratique devient trop exiguë.
Romans est un des 55 camps principaux de prisonniers allemands de la métropole, le seul du département de la Drôme.
Les conditions d’internement des prisonniers ont été précisées par la conférence de Bruxelles de 1874.
Ces prisonniers sont pris en charge par le Comité International de la Croix-Rouge (CICR) qui s’appuie sur la convention de la Haye de 1907, avec un certain nombre de dispositions telles que la possibilité de visiter les camps ou l’échange de correspondances entre les prisonniers et leur famille qui peuvent leur envoyer quelques subsides.
Le traitement des prisonniers est un enjeu important pour opposer son humanité à la barbarie de l’ennemi.
Le 31 juillet 1915, la direction de l’école obtient la restitution des bâtiments ; la ville propose comme nouveau dépôt la caserne de la Presle qui peut recevoir 1100 hommes, en complément du patronage Saint-Hippolyte qui peut accueillir plus de 500 hommes.
En novembre 1914, les prisonniers sont victimes d’une épidémie de fièvre typhoïde.
En octobre 1915, la création d’un hôpital de 100 lits pour les blessés allemands devient nécessaire.
Les prisonniers allemands ne sont pas enfermés dans leur dépôt. La convention de La Haye prévoit que « L’État peut employer, comme travailleurs, les prisonniers de guerre, à l’exception des officiers ».
Le dépôt de Romans devient un centre de gestion des prisonniers, pour toute la région.
Dans son rapport de décembre 1915, le délégué du CICR indique que «3000 hommes environ dépendent de ce dépôt, la plupart sont répartis dans les chantiers de la région ».
Les prisonniers sont également affectés, à partir de juillet 1915, aux travaux agricoles car la mobilisation a vidé les campagnes de ses bras. L’industrie bénéficie également de cette main d’œuvre.
L’armistice du 11 novembre 1918 marque la suspension des hostilités, les prisonniers allemands restent internés ; les malades et les blessés sont libérés en février 1919. La libération des prisonniers allemands à Romans se déroule au cours de l’été 1919.
Il apparaît que les sentiments des Romanais pour ces ennemis qu’ils côtoyaient furent le plus souvent empreints de curiosité ou d’indifférence, rarement de haine.