Où faut-il construire le « débarcadère » ?
Dès 1832, le Conseil municipal exprime l’aspiration à une ville − d’environ 8 000 personnes − franchement ouverte. Il est « d’avis […] de démolir les remparts depuis la porte Saint-Gaucher à la porte du Fust », c’est-à-dire sur près d’un kilomètre.
Le 5 décembre 1841, le Conseil adopte « le projet de Boulevard de 20 mètres de largeur, dans la partie entre les portes Saint-Gaucher et d’Aygu », conscient de répondre à une attente locale quasi générale.
Le 20 avril 1845, un réel désarroi s’empare de l’assemblée municipale.
Ce n’est pas tellement « la création du chemin de fer entre Lyon et Avignon » qui fait problème. C’est «l’emplacement» de ce chemin de fer qui pourrait comporter des risques sérieux pour la ville.
En effet, estiment les notables, si la voie est érigée « à des mille mètres de Montélimar, il s’établira indubitablement, vers le débarcadère, des constructions qui attireront à elles tout le commerce, le mouvement, la vie, à l’immense préjudice de notre cité ».
La gare « est en effet à la ville, écrit Jean Bruhat, ce que la cathédrale est à la cité médiévale ».
La gare sera inaugurée l’année suivante, en 1854.
Le Conseil décide, ce 9 avril 1853, de « réunir le Champ de Mars à la gare par un jardin ».
il s’agit « d’embellir la ville » et également, « d’empêcher de construire sur cet emplacement un quartier neuf, ce qui aurait fait perdre une partie de leur valeur aux maisons situées dans l’intérieur de Montélimar ».
En fondant, d’une tout autre manière, les rapports de leur cité avec les pays alentours, avec ce que peut apporter de l’espace national l’arrêt du train au « débarcadère », les contemporains ont cependant épargné quelques pans du front des murailles, deux portes anciennes (Saint-Martin et le Fust), une ou deux tours fortifiées même.
Il aura fallu presque autant de temps pour démolir et restaurer que pour construire, une bonne vingtaine d’années.