Le coup d’état du 2 décembre 1851, qui doit permettre à Napoléon de briguer un second mandat, exacerbe la colère du peuple.
C’est l’insurrection : dans la Drôme, dix mille hommes et femmes marchent sur les villes. Mais, s’ils ont le nombre et le courage, ils n’ont ni l’armement, ni la stratégie. Il y a des morts et des blessés. Contraints de fuir et de se cacher, les insurgés vaincus, dans cet hiver glacial, sont obligés de se rendre.
La plupart des Drômois partis hors de nos frontières sont des exilés volontaires, il faut quand même y ajouter quelques expulsés. Pour échapper aux terribles sanctions, il n’y avait guère qu’une solution : fuir à l’étranger. Mais passer une frontière n’était pas facile.
La Suisse, où la population et les autorités leur étaient favorables, est d’abord la terre d’accueil des fugitifs qui s’y installent et cherchent à créer des activités. Ils servent de base d’accueil pour d’autres réfugiés.
Même processus avec la Savoie, pas encore française, qui constitue donc un refuge proche pour nos Drômois fugitifs.
Albertville semble un des lieux de rendez-vous des fuyards grânois.
On retrouve des exilés dans de nombreux autres pays, comme le Piémont, l’Espagne, le Japon même ou la Chine.
Pour la plupart de ces exilés, la vie est dure car ils ont tout abandonné et se contentent d’un emploi souvent juste suffisant pour assurer leur survie, utilisant leur temps disponible à la recherche de logements et de moyens de subsistance.
Il n’est donc pas étonnant qu’on ait trouvé dans notre énumération des exemples de retour au pays, même au prix d’une soumission et de l’acceptation de la peine, après avoir subi sur le sol étranger des privations peut-être plus grandes que ceux qui ont été victimes de l’emprisonnement et la déportation.