La Drôme a-t-elle eu des fusillés durant la Grande Guerre ? Et bien oui, quatre simples soldats de 2e classe, condamnés à mort par des conseils de guerre et fusillés réglementairement devant la troupe.
Germain Frédéric Liotard, originaire de Molières-Glandaz (Diois) où il était né le 27 octobre 1892.
On lit dans le journal de marche du régiment que le 6 septembre, une compagnie « exécute une brillante charge à la baïonnette qui coûte malheureusement beaucoup ». C’est au cours de ces journées que Liotard, avec six camarades, tente d’échapper au massacre par la fuite vers l’arrière. Il expliquera qu’il se repliait parce qu’il était blessé à la main. Mais le soir même, cette blessure est examinée par le médecin-major qui conclut qu’il s’agit d’une mutilation volontaire. Un conseil de guerre réuni dès le 9 septembre condamne Liotard et un de ses compagnons à la peine de mort pour «abandon de poste en présence de l’ennemi à la suite de mutilation volontaire». Le 10 septembre à 5 heures du matin tous deux tombent sous les balles du peloton d’exécution.
Charles Victor Robert est né le 15 mars 1897 dans le village de Parnans, au nord-est de Romans.
Il passe devant un conseil de Guerre le 4 janvier 1918 à Bouconville-Vauclair, dans l’Aisne. Sa fiche de décès porte la mention « Passé par les armes » alors qu’un autre document indique : « Décédé le 04-01-1918 sur le champ de bataille de l’Aisne ». Enfin, Robert figure dans la liste des «fusillés pour l’exemple ». Qu’a-t-il donc fait pour se voir infliger une condamnation à mort ?
Mystère…
Louis François Sainte-Marie est né le 12 janvier 1884 à Bourg-de-Péage.
L’accusation qui va être portée contre lui est d’avoir « tenté de déserter devant l’ennemi à Vaux-Damloup le 14 mai 1916 ». Le 23 mai 1916, un conseil de guerre le condamne à la peine de mort, exécutée le jour même. Là encore, le livret militaire de ce soldat de 32 ans ne donne pas la moindre indication sur ce conseil de guerre, cette condamnation et son exécution.
La fiche de décès porte la mention « n’est pas mort pour la France », qui peut s’appliquer à bien des cas.
Charles Rastello, est né le 26 juillet 1894 à Romans.
Un casier judiciaire bien rempli lui vaut quelques soucis. On ne sait rien sur Rastello jusqu’au 21 décembre 1916, où il passe devant le conseil de guerre de Grenoble pour désertion. Sa condamnation ayant été suspendue, il déserte à nouveau en juin 1917. De multiples désertions émaillent encore son parcours jusqu’en octobre 1917. Cette fois il n’échappe pas au conseil de guerre du 14 octobre qui le condamne à mort. L’exécution a lieu à la Redoute de Chenay, le 11 décembre 1917 à 6 h 45.
Voilà donc le sort terrible connu par quatre poilus drômois. Quatre maires ont dû se rendre auprès des familles annoncer le décès d’un des leurs, sans aucune explication car, comme le prescrit la loi, pour les fusillés, « le genre de mort ne doit pas être indiqué à la famille ». Malgré tout, la chose se sait et les familles en subissent les conséquences, avec des mises à l’écart et des marques d’hostilité, mais aussi des sanctions financières comme la suppression des droits à pension.