Upie, petite commune du canton de Chabeuil, est située au cœur de ce que l’on appelait autrefois la plaine heureuse : au pied du Mont Miéry, avec, à l’est, les contreforts du Vercors et à l’ouest, le Rhône que surplombent les collines bleues de l’Ardèche.
En 1944, à peine 8OO âmes habitent le village et les environs.
Les Didier habitent Upie depuis plus de deux siècles où ils exploitent les terres autour d’une solide bâtisse en pierres dorées qui tourne sagement le dos au mistral. À seize ans, Jean-Marie Didier rejoint la Résistance, porteur de plis qu’il cache dans le revers de son pantalon.
Pendant l’année 44, le jeune homme monte deux fois au Camp Roger situé à Vaugelas et dont le PC est installé dans la ferme de Pierrot Joubert.
Le camp se trouve à environ cinq heures de marche à travers les montagnes. Sinon il parcourt les chemins à vélo, un revolver dissimulé sous un cageot de légumes ou de fruits. Il passe ainsi tranquillement les barrages allemands avec toute la désinvolture et l’insouciance que lui offre sa jeunesse.
Son cousin, Paul Mially, très impliqué dans l’hébergement et l’aide aux réfractaires du STO, est arrêté sur dénonciation en avril 1944. Emmené à Vassieux, il y est torturé avec deux autres Résistants et ils sont exécutés le 23 avril 1944.
Ce 27 août, Jean-Marie Didier a dix-sept ans et deux mois.
Très affecté par l’assassinat de son cousin, il est toujours aussi actif dans la Résistance d’autant plus que l’espoir renaît avec le débarquement en Normandie et celui en Provence. La situation militaire dans le centre de la Drôme est extrêmement confuse. Il n’y a pas de ligne de front proprement dite. Partout la Résistance est présente : harcèlement, sabotage, affrontement direct, parfois en conjonction avec les alliés, parfois en action isolée.
Au cours d’une mission, Jean-Marie croise les frères Altariba qui, rendus imprudents par la proximité des Alliés, traversent le bois de Miéry où ils tombent dans une embuscade qui ne leur laissera aucune chance.
Jean-Marie, accompagné d’amis, part à leur recherche, les retrouve et les transporte dans un lieu sûr en attendant la venue de leur famille.
Jean-Marie Didier, maintenant octogénaire, rappelle cette phrase de Pierre de Saint Prix.
« Au temps de l’occupation il n’y avait qu’une façon de servir la France : résister […] Désobéir devenait un impératif absolu, refuser de servir un devoir sacré. »
Pour nous, qui n’avons connu que la paix, le devoir sacré consiste simplement à ne jamais oublier.