Ensemble de fiches de M. Lacroix, instituteur.
Cet ensemble est contenu dans une chemise, datée du 8 octobre 1915, adressée au Préfet sur laquelle on lit : J’ai l’honneur de vous adresser sous ce pli une partie de mes fiches relatives à la guerre de 1914-1915…
• Fiche n°1. 26 juillet 1914.
Distribution des prix aux élèves des écoles laïques.
• Fiche n°2. Vendredi 31 juillet 1914.
Dans le public, l’idée de mobilisation de guerre franco-allemande a pris corps. On est soucieux. M. Payot, expansif et patriote, dit tout haut sa croyance «à la guerre inévitable», sa résignation, sa décision… « Ce M. Payot fait peur, me dit une femme, s’il veut tant la guerre qu’il y aille mais… ». « Il ne veut pas la guerre, expliquai-je, il la croit certaine, il est décidé à la faire, c’est tout ! »
• Fiche n°3. Samedi 1er août 1914.
La mobilisation ! 3 heures du soir. Mr Morillet, maire, sort de chez lui un papier à la main. « Cette fois, ça y est ! La mobilisation ! » répond-il à mon signe de tête interrogateur. Ce mot fit traînée de poudre suscitant chez tous une rageuse expression de haine à l’adresse du Kaiser et de ses accolytes (sic) « Bande canailles ! »
Le tocsin sonne, les paysans reviennent des champs, lisent les affiches, maugréent un peu contre les monarques qui les dérangent et vont se préparer au départ.
Point de récriminations ! ni fanfaronnade ni accablement, le calme des gens qui vont faire une besogne sérieuse, prévue et inéluctable.
• Fiche n°4. La mobilisation.
Le 2 août, c’est le tour de volontaires, citoyens qui se sont offerts pour garder les voies ferrées pendant la mobilisation avec les territoriaux ; ils ont de 45 à 60 ans.
Plusieurs sont de pauvres gens n’ayant que leur journée pour nourrir leur famille.
Ils seront échelonnés sur la ligne Livron-Briançon, de Die à Beaurières, veillant jour et nuit, le fusil à l’épaule, sur la voie précieuse où passent chaque jour 25 trains militaires.
• Fiche n° 5. Mobilisation et chemin de fer.
Accident du tunnel de Beaurières. Le 17 août, vers 9 h ½ du soir, un train militaire Livron-Briançon s’arrêta dans ce tunnel en fer à cheval, sa machine étant trop faible.
Les employés coupèrent le train, le mécanicien emmena la moitié avant à La Baume, revint au tunnel remorquer la moitié arrière. Pendant ce temps la fumée asphyxiait les malheureux soldats : cinq moururent, les autres furent sauvés grâce au dévouement de la population de Beaurières et de son poste de garde-voie. Et tout de suite d’incriminer le malheureux mécanicien qui aurait dû mettre une locomotive plus puissante … etc… (sic)
On oublie que la machine était géante, roulant d’ordinaire sur le littoral méditerranéen d’où venait le convoi, que son mécanicien qui n’avait peut-être pas pris de repos depuis 30 heures ignorait les détails de notre petite voie.