Association universitaire d'études drômoises
L'AUED est une association reconnue d'utilité publique qui édite Études drômoises, la revue du patrimoine de la Drôme

Un passé monastique

par AUED

Par Michel Wullschleger

Études drômoises n° 61 (mars 2015)
pp. 24 à 31

Résumé d’après l’article

Pendant plus de sept siècles des moines ont vécu dans le Vercors drômois. Ils ont bâti pour s’isoler et prier.

Ils ont côtoyé, aidé, soigné mais aussi dominé une population paysanne pauvre et démunie mais heureusement organisée très tôt en communautés villageoises. Ils ont aussi orienté l’économie locale agropastorale, forestière et parfois industrielle.

Dans nos montagnes, la fondation de l’abbaye cistercienne de Léoncel en 1137 précéda de sept ans celle de la chartreuse du Val Sainte Marie de Bouvante.

À 912 mètres d’altitude, tout au nord d’une petite plaine dans la montagne, s’impose la solide silhouette de l’église abbatiale de Léoncel.

Fraîche l’été, froide et enneigée l’hiver, ne bénéficiant que d’un ensoleillement relativement court, sujette au brouillard, secouée par la bise et le vent canalisés dans le val méridien, ici, la moyenne montagne n’a jamais caché sa rudesse.

Nous n’avons que des traditions concernant l’origine de la donation du site et l’installation des moines, mais ces derniers, venus de Bonnevaux, suivirent les consignes de Cîteaux concernant la disposition du monastère.

Pour la fondation de la chartreuse de Bouvante, l’ordre des chartreux retient la date de 1144 et attribue la donation primitive au dauphin de Viennois Guigues V (1142-1162).

Le Val Sainte Marie accueillit à quelque 500 mètres d’altitude la « maison haute » dans laquelle s’installèrent les Pères chartreux avec quelques convers à leur service.
Le val du Royans hérita de la « maison basse », celle des frères convers.
La maison haute de Bouvante n’est plus actuellement qu’un vaste champ de ruines, noyé dans la végétation d’un bois planté par les propriétaires.

La maison basse, la Courerie, est située à quelque 850 mètres de distance de la maison haute et à une altitude de 450-460 mètres. Alors que la forêt cernait la maison des Pères, celle des convers bénéficiait de terres plus ensoleillées et plus fertiles.
En 1345, peu de temps avant le « transport » du Dauphiné au Royaume de France, le dernier dauphin de Viennois Humbert II dans une célèbre patente détacha du Mandement de Saint Nazaire la « seigneurie ou Mandement des chartreux ».

Les cisterciens, comme les chartreux ont accueilli des Frères convers, entrés en religion pour s’acquitter des tâches matérielles, domestiques, agricoles et artisanales. En ce qui concerne les cultures on peut souligner le rôle important de la production « potagère », l’essentiel restant la culture céréalière pour le pain quotidien et pour de nombreux échanges.

Il y eut très vite, en montagne, pour l’herbe comme pour le bois, une forte concurrence des communautés villageoises. De 1777 à 1790, les conflits forestiers devinrent particulièrement graves entre les cisterciens et les villageois de Châteaudouble et du piedmont du Vercors.

Toutes les destructions qui se sont succédées au cours des siècles n’ont pas fait disparaître l’impact de plusieurs siècles de présence monastique rendue originale par le voisinage étroit d’une abbaye cistercienne et d’une chartreuse.

Ambel à la fin du XIXe siècle. Au fond, l'ancienne ferme des moines de Léoncel
Borne limitant la dernière acquisition des moines en 1735
Croix taillée dans le rocher avec le trou de repère en fer marquant la limite entre Cisterciens et Chartreux au pas de Ferrière

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