Association universitaire d'études drômoises
L'AUED est une association reconnue d'utilité publique qui édite Études drômoises, la revue du patrimoine de la Drôme

Prisonniers de guerre

par AUED

par Julien Bérard et Fernand Rochas

Études drômoises n° 58 (juin 2014)
pp. 33 à 35

Résumé d’après l’article

Julien Bérard, né en 1911, a été mobilisé en septembre 1939 au 11e bataillon de chasseurs alpins.

« Le 12 mai nous avons rendu les armes, car les Allemands étaient partout et nous ne savions plus où aller. C’était la débâcle, personne ne s’occupait plus de nous et nous nous étions dispersés dans les Vosges, sans savoir où aller, dépourvus de vivres. »
Julien Bérard arrive dans un stalag regroupant 1600 prisonniers près de Berlin. Il travaille d’abord dans la maçonnerie.

« Puis après, lors d’un tri, comme j’étais paysan, je fus affecté dans une ferme ; cela a duré quatre ans. Nous recevions une très petite rémunération : 70 pfennig, cela correspondait à la valeur d’une bière. Le courrier avec nos familles était très réduit : deux lettres par mois. Il fallait écrire six lignes. » Le travail est rude mais les prisonniers, à la différence des déportés, ne meurent pas de faim : il y a des pommes de terre en abondance, les légumes de la ferme, des asperges, un veau et un mouton chapardés, des chevreuils tués sur la route par des véhicules, des lièvres pris au gite et des goujons pêchés dans la rivière.

« L’armée russe est arrivée en avril 45. Les tanks se sont arrêtés à 200 mètres de la ferme. Le patron et la patronne dénoncés par les prisonniers russes ont été emmenés et fusillés. Les Russes ont embarqué le tracteur de la ferme. » Julien Bérard et ses copains prennent la route avec un cheval et une remorque. À cette fin de guerre, le gouvernement considérait mal les prisonniers de notre sorte. J’ai longtemps évité de parler de cette époque. »

 

Fernand Rochas, né en 1909 à Buis-les Baronnies a, lui aussi, été mobilisé en septembre 1939 et affecté à un régiment d’artillerie coloniale mixte indochinoise.

Son régiment est posté près de la frontière du Rhin en Alsace.
Affecté à la garde du fourgon de ravitaillement il est fait prisonnier le 7 juin, transporté en Silésie. « La Silésie, bien peu d’entre nous en avaient entendu parler et encore moins auraient été capables de la situer sur une carte. Le climat de type continental y est très dur avec des températures pouvant varier entre – 40° l’hiver et + 40° l’été… Nous étions environ 2 000 prisonniers. »

Fernand Rochas parlant allemand est nommé interprète, chef de commando et élu par ses camarades homme de confiance. « Dans la journée nous travaillions dans des fermes ou dans des coupes de bois et nous devions rentrer le soir au camp.
Certains patrons allemands traitent très durement les prisonniers, mais d’autres se montrent plus bienveillants.
« Le temps me semblait bien long. Lettres et colis me parvenaient avec parcimonie : nous avions droit à une lettre et une carte par mois. Tous les colis arrivaient, quelque fois vidés. »

L’armée russe libère les prisonniers mais elle n’a rien à leur donner à manger sauf des rutabagas en conserve. « Ils vivaient sur le pays raflant tout ce qu’ils pouvaient. »
À Torgau, sur un pont de bateaux, les prisonniers rejoignent les Américains et reçoivent chacun un colis de 5 kilos avec conserves, chocolat, café, chewing-gum, cigarettes. « Après la pénurie, l’abondance ! »
Le 14 juin 1945, Fernand Rochas retrouve sa famille dont il avait été séparé pendant presque six ans.

Julien Bérard, 1er à gauche, dans un groupe de soldats prisonniers
Le tracteur et ses remorques
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