18 septembre 1939 : « Je suis arrivé à Bordeaux ce matin seulement, vers 2 heures; Pour le moment, je ne trouve pas la vie militaire désagréable ; elle est bien supérieure à la vie de collège.
21 septembre : Me voici entièrement installé ; je suis maintenant chez moi ici, je puis lire à ma fantaisie, nos occupations étant peu nombreuses. J’ai rarement mené une vie aussi calme.
26 septembre : (Henri décrit sa vie de soldat) : J’ai grand appétit, je prends deux fois de tous les plats. Heureusement, nous sommes très bien servis. Nous nous levons à 6 heures, nous prenons une espèce de café buvable vers 7 h, nous mangeons le casse-croûte, fromage ou chocolat avec parfois des restes de soupe de la veille. Travail de 8 à 11h, repas, ensuite repos, puis reprise du travail de 2 à 5 h. Je trouve très sage de manger à cette heure…
6 octobre : Je me suis renseigné pour devenir interprète, le capitaine m’a dit qu’il fallait faire d’abord le peloton… Je fais donc en ce moment partie du peloton des sous-officiers, on nous assomme de beaucoup de choses inutiles qui sont de pures formalités, mais tout cela importe peu.
8 octobre : Je suis étonné de l’esprit de camaraderie qui règne entre nous. Je ne l’ai jamais vu au lycée ou au collège où chacun tire pour soi.
13 octobre : Nous avons reçu hier des fusils pour la première fois. C’est un instrument très désagréable avec lequel je n’ai pas l’intention de faire des prouesses.
Mars 1940 : Henri part pour la frontière (où ?) et se retrouve dans une région où on n’a jamais tiré le canon, ni même entendu.
27 mars : (Décidément c’est la belle vie) : J’ai esquivé le bureau du commandant et vais faire la garde dans la forêt pendant 7 jours entiers. Un enchantement! Mon chef de pièce s’appelle Clément Faugier et fabrique des confitures de marron à Privas, qui sont de vrais délices.
18 avril : Je n’ai pas reçu le baptême du feu : nous arriverons au repos près de Neufchâteau. Nous passons le temps à nous reposer. Il ne fait pas froid, j’ai le temps de lire, tout est donc pour le mieux !
4 mai : Demain j’irai à Domrémy, l’armée met une voiture à notre disposition, c’est une vraie colonie de vacances. (Il est à Domrémy le 6, qu’il ne trouve pas « extraordinaire »).
22 mai : (Henri continue de rassurer ses parents) La nuit, il y a de temps à autres des avions allemands, car parfois à mon réveil, mes camarades me disent avoir entendu des tirs de DCA, donc je dors bien. De bombardements, il n’en est pas question, je n’ai donc pas reçu le baptême du feu, vous avez l’air de le craindre, c’est sans regrets !
6 juin : Nous sommes dans l’Eure, c’est dans ce département que nous formerons une réserve d’artillerie. Depuis deux jours je me paye le luxe d’une chambre en ville.
20 juin : (Le 17 Pétain a dit qu’il fallait cesser le combat et le 18 De Gaulle a, de Londres, lancé son appel). Je suis prisonnier à Nantes avec tout le régiment et quantité d’autres troupes. Je pense qu’on nous relâchera à l’armistice, bientôt. Je suis très bien, vous n’avez plus à être en souci maintenant.
18 juillet : (dernière lettre, Henri contrairement à ce qu’il vit et qu’il racontera plus tard, continue de rassurer ses parents).