Association universitaire d'études drômoises
L'AUED est une association reconnue d'utilité publique qui édite Études drômoises, la revue du patrimoine de la Drôme

Une épuration sauvage à Valence

par AUED

Par Robert Serre

Études drômoises n° 53 (mars 2013)
pp. 17 à 19

Résumé d’après l’article

Le 29 septembre 1944, Yves Farge fait usage du droit de grâce, qu’il détient momentanément comme Commissaire de la République à Lyon, en faveur du milicien Pierre Moutier, condamné à mort la veille par la Cour martiale de la Drôme.

Après étude rapide du dossier, il a constaté l’absence de toute précision : la peine de mort est commuée en 20 ans de travaux forcés. Dans les heures qui suivent, Farge est alerté par le préfet de Saint-Prix, sur les troubles générés par cette décision. Il se rend immédiatement à Valence et organise une conférence pour expliquer sa décision.

Peine perdue.

Au même moment une vingtaine d’individus portant des brassards de police débarquent devant la prison et sous la menace de leurs armes se font remettre six détenus, dont Pierre Moutier. Le lendemain matin leurs corps sans vie sont retrouvés. L’affaire est vite étouffée, la presse locale et régionale, encore sous contrôle de la censure, ne donnant que peu d’informations.

Il faut attendre le 10 octobre pour lire le compte-rendu ci-dessous dans Le Réveil, quotidien catholique de la Résistance du sud-est.

M. de Gailhard-Bancel, né en 1884 à Marseille, avait été président de la Corporation Paysanne de la Drôme, puis syndic régional. Selon le rapport du commissaire de police de Crest, repris par le sous-préfet de Die le 12 février 1945, De Gailhard-Bancel « s’était tristement signalé par la dénonciation de patriotes aux coups de la Milice et des Allemands ». Des documents d’archives témoignent en effet de ces dénonciations.

Les répercussions furent surtout politiques : L’affaire entraîne l’éviction du préfet Pierre de Saint-Prix, remplacé par Lucien Coudor par décision du conseil des ministres à la demande d’Yves Farge.

Malgré les vives protestations du CDL, des mouvements de résistance, du général de Lassus et la démission des maires de quatorze communes du sud drômois (dont Cliousclat, Loriol, Marsanne, Mirmande, Montélimar, Sauzet), la décision est maintenue.

L’affaire ne semble pas, en tout cas, avoir provoqué d’émotion particulière dans la population et a disparu de la mémoire collective.

Portrait de Yves Farge, commissaire de la République
Portrait de M. de Gailhard-Bancel
Coupure du journal Le Réveil, du 5 octobre 1944

Ce site utilise des traceurs (cookies) afin d'améliorer votre expérience de navigation. Si vous les acceptez, cliquez sur "Accepter". Pour en savoir plus et paramétrer les traceurs, cliquez sur "En savoir plus". Accepter En savoir plus

error: Ce contenu est protégé !