Association universitaire d'études drômoises
L'AUED est une association reconnue d'utilité publique qui édite Études drômoises, la revue du patrimoine de la Drôme

Les égarés de Vichy à Romans

par AUED

par Laurent Jacquot

Études drômoises n° 53 (mars 2013)
pp. 9 à 16

Résumé d’après l’article

À partir de l’été 1940, les premiers décrets et lois de l’État français s’appliquent à Romans.

Le 13 décembre, la municipalité, élue en 1935, exprime sa fidélité au chef de l’État, en dénommant la place Jean-Jaurès, place Maréchal-Pétain. La nouvelle municipalité, désignée en 1941, applique les lois de Vichy, comme celle interdisant les associations secrètes, la franc-maçonnerie, et dresse, en juillet 1941, la liste des 78 juifs résidant à Romans.

Le maréchalisme imprègne en quelques semaines la société romanaise. Le pétainisme, c’est la Révolution nationale qui prône le retour aux valeurs chrétiennes. L’encadrement de la jeunesse, la soumission de la presse locale au régime, l’engagement personnel, notamment dans la Légion des combattants, marquent le soutien à la politique du maréchal.

L’idéologie de la Révolution nationale c’est aussi la charte du travail instituée le 4 octobre 1941. Elle place les organisations patronales et ouvrières sous le contrôle du ministère du travail. Afin de maintenir leurs activités et les emplois de leurs salariés, les entreprises de la chaussure répondent aux commandes des autorités allemandes.

La question de l’antisémitisme dans la ville de Romans, notamment la collaboration à la déportation de la population et des autorités locales, reste à étudier, cependant il faut noter le silence des sources locales sur ce sujet.

Le PPF connaît un développement très rapide à Romans en 1936-1937, s’appuyant sur un anticommunisme exacerbé par la victoire du Front Populaire, puis devient de plus en plus pro-nazi et antisémite.

La crise économique qui perdure devient le terreau fertile à l’implantation, dans la vieille cité ouvrière, de l’extrême-droite. Le siège du PPF propose lui-même du travail à condition d’adhérer au PPF : la carte du PPF était en quelque sorte la « carte de pain » pour plusieurs grandes entreprises romanaises liées au travail du cuir.

Mais il semble qu’une grande partie de ces « adhérents » ait été inscrits à leur insu, sans avoir versé aucune cotisation…

Cette présence ancienne du PPF et le collaborationnisme de ses dirigeants sont un terreau favorable à la Milice, officiellement implantée en Drôme, en février, puis à Romans en mars.

La Résistance commence à se structurer à Romans au début 1943 et cible les membres du PPF ou les Miliciens. La violence milicienne se retourne alors contre la population romanaise ou la Résistance.

L’épuration qui frappe ces collaborateurs arrêtés à partir d’août 1944, atteint des niveaux très variables de sévérité. La légèreté des sanctions pour la majorité des collaborateurs s’inscrit dans la politique de réconciliation voulue par le gouvernement français mais s’explique également par la proximité qui existait, à Romans, avant guerre, entre collaborateurs et résistants. Ils s’étaient côtoyés dans leurs activités professionnelles, d’où l’indulgence des chefs de la Résistance romanaise.

Vitrail la francisque dans l’église Notre Dame de Lourdes à Romans
Siège du P.P.F. en 1941. Entre les drapeaux, photo de Jacques Doriot. Photo André Taly, collection Max Taly, fonds Mémoire de la Drôme
Francis André, dit "Gueule tordue" Coll. Robert Serre

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