Les Chantiers de la Jeunesse, dans l’optique de la « Révolution nationale », visent à reprendre en main les conscrits des classes fin 1939 – début 1940 qui n’avaient connu de la vie militaire que la débâcle.
Convoqués trois fois dans l’année, en mars, juillet et septembre, les jeunes gens sont encadrés dans l’esprit du scoutisme : on y cultive l’esprit d’équipe, l’honneur, la virilité, on y célèbre la Patrie et le drapeau, on y vit au contact direct de la nature, en secteur rural et en forêt essentiellement.
Trois groupements sont implantés dans la Drôme : le groupement 33, basé à Nyons, le 15, basé à Saint-Jean-en-Royans et le 14 d’abord installé près de Grignan, se retrouve finalement dans le Diois.
Ce dernier groupement compte jusqu’à 1 790 jeunes en 1943.
Le PC est installé à Die et dix groupes sont éparpillés dans le Diois où ils participent à différents travaux agricoles.
D’autres activités sont organisées en fonction des opportunités locales.
La vie dans ces camps s’organise tant bien que mal, dans des conditions matérielles parfois déplorables : nourriture spartiate, hébergement rudimentaire, hygiène difficile…
Des activités culturelles sont mises en place et développées. Bibliothèques, service de rattrapage scolaire, salon artistique, atelier de reliure. Des ateliers techniques utilisent les compétences en matière de menuiserie, ajustage, fonte, électricité.
Des conférenciers viennent régulièrement s’adresser aux jeunes, tels Pierre Emmanuel, Marcel Légaut ou Emmanuel Mounier.
Mais dès 1943, les intentions du gouvernement de Vichy concernant les jeunes ayant terminé leur « formation » se précisent : il faut les faire partir pour le STO.
Les chefs de groupes font savoir leur opposition à ces décisions. Les divers maquis et résistants sont dépourvus de tout et lorgnent sur les équipements de ces groupements.
De nombreux « coups de mains » verront ce matériel changer de propriétaires. Peu à peu, les exigences allemandes envers ces chantiers s’amplifient, entraînant parallèlement la fuite vers la résistance d’un nombre croissant de ces jeunes.
Le 10 juin 1944 verra la dissolution officielle des Chantiers de Jeunesse.