François Falquet Travail acquiert la forêt de Saoû, conjointement avec le marquis de Brossard, en 1782. Il entreprend l’exploitation d’une mine de lignite et la fabrication de céramique.
L’existence d’une poterie située au quartier des Girard est attestée lors de démêlés judiciaires entre les héritiers de Falquet Travail et ceux du marquis de Brossard.
En 1834, le maire de Saoû, répondant à une enquête préfectorale, déclare : « La poterie qui se fabrique à la forêt est de très belle qualité. Elle l’emporte en beauté sur celle de Dieulefit et Poët-Laval… »
Si l’on en croit Scipion Gras, la production de cette modeste poterie, qui n’occupe que deux ouvriers vers 1830, n’aurait effectivement rien à envier à celle du centre céramique de référence dans notre département : Dieulefit.
Les terres vernissées de la forêt de Saoû sont vraisemblablement des pièces utilitaires – pichets, pots à graisse, biche à lait… destinées à la population locale.
La transformation de la modeste poterie en une fabrique de porcelaine s’achève à la fin de l’année 1842.
La porcelaine – voilà qui évoque la Chine – pour tous.
L’odyssée de la porcelaine : de la Chine à la France
Porcelaine et grès sont des céramiques cuites entre 1 200°C et 1 400°C. Seules les argiles les plus siliceuses supportent de telles températures sans déformation ;
le Japon et la Chine en sont particulièrement bien pourvus, les roches locales et les conditions climatiques anciennes (à l’échelle géologique) ayant favorisé leur formation.
Si le kaolin très pur, donnant une porcelaine fine et translucide est rare, les gisements d’argile blanche dite kaolinitique ayant des propriétés voisines sont un peu plus fréquents.
On connaît dans notre région les carrières d’Hostun toujours exploitées et celle de Saoû, aujourd’hui abandonnée.
Les archives relatives à cette fabrique sont malheureusement peu nombreuses ; Une mésentente entre Chabert et ses gérants survient peu de temps après l’ouverture. Incontestablement, les débuts sont difficiles.
Cette fabrique compte deux bâtiments. Le premier tient lieu d’atelier, l’autre abrite le four construit par « un des premiers constructeurs de Limoges », un four à porcelaine typique, de forme circulaire, pourvu de quatre foyers et dont l’intérieur est partagé en deux étages voûtés.
La presse régionale, l’annuaire de la Drôme ne tarissent pas d’éloges à l’égard des produits manufacturés à Saoû : ils sont « d’une finesse et d’une transparence remarquables, qui les feront rechercher ».
En 1844, Alvier et Brouhaud présentent leur production à l’exposition des produits de l’industrie. Le musée de Sèvres n’a communiqué qu’une photo du gobelet, mais plusieurs familles de la région possèdent encore des objets et des moules. Remercions-les d’avoir conservé ces précieux témoignages d’un patrimoine oublié et d’autoriser la publication de photos.
Cette fabrique, quand donc a-t-elle fermé, et pourquoi ? À dire vrai, nous ne le savons pas précisément. Les évènements du mois de décembre 1851 ont vraisemblablement perturbé la bonne marche de l’entreprise. Seule certitude : la matrice cadastrale atteste de la destruction de cette fabrique en 1864.