Les Nyonsais annexent volontiers Christophe, de son vrai nom Georges Colomb;
Natif de Franche-Comté, sa carrière professionnelle s’est déroulée à Lille et à Paris. Ce sont la guerre et la débâcle qui ont fait de Colomb, malgré lui, un Nyonsais. Réfugié à Buis puis à Nyons il y est mort et y a été enterré.
Après de brillantes études secondaires puis supérieures (Normale sup’ rue d’Ulm) il se retrouve professeur au lycée Condorcet à Paris avant d’être muté à Lille où il se morfond profondément. On finit par lui accorder une bourse de 100 F au Museum d’Histoire naturelle, ce qui lui permet de regagner Paris et de s’installer 88 rue Claude Bernard. Il peut alors se consacrer à sa thèse, intitulée Recherche sur les stipules, qu’il présente en 1887.
Colomb est désormais préparateur en botanique à la fac des sciences, puis en 1890 nommé sous directeur du labo de botanique de l’école des hautes études.
Comme il a décidé de ne jamais rien faire pour être pris au sérieux, pour plaire à son fils, il publie dans le même temps, sous le nom de Christophe, l’histoire en images de la Famille Fenouillard.
Colomb enseigne aussi pendant quarante ans au collège de jeunes filles Sévigné où il est adoré de ses élèves mais pas toujours de leurs parents qui admettent mal que Monsieur le professeur compare les intestins de leurs filles aux égouts de Paris.
Pourtant, après la publication en 1899 du Savant Cosinus, Christophe redevient Colomb et publie à partir de 1902 une quarantaine de manuels dans la collection Cours de sciences de Colomb et Houlbert ; il tient une chronique de vulgarisation scientifique dans le Petit Français illustré et une autre dans le Soleil du Dimanche.
Colomb sévit aussi pendant 15 ans à Radio-Paris où on lui décerne le surnom de « Prince du micro ».
En 1940, c’est « la troisième invasion des Huns » et Colomb et sa deuxième épouse Laure Bourdoncle née de mère anglaise s’installent à Buis-les-Baronnies à l’hôtel André puis, à Nyons à l’hôtel Colomb, non, Colombet ! où il côtoie à partir de 1942 le premier ministre espagnol en exil Largo Caballero.
En effet, Colomb s’est remis très sérieusement aux humanités, a relu La Guerre des Gaules, en a tiré la conclusion qu’Alésia n’est pas à Alise-Sainte-Reine en Côte d’Or mais à Alaise dans le Doubs. Il prépare donc La Bataille d’Alésia.
À Nyons, Colomb n’a pas que des préoccupations littéraires, il a, comme tout le monde, des préoccupations alimentaires, car c’est un gros mangeur et un gigot accompagné d’une solide platée de haricots ne lui font pas peur. Hélas, l’un et l’autre sont introuvables. Le maire de Nyons, M. Bonfils, lui offre quelques menues gâteries alimentaires et se voit décerner par la Famille Fenouillard un « Brevet de mignonneries ». Pour les fêtes de fin d’année, les Colomb reçoivent un cadeau qui les remplit de bonheur mais va faire leur malheur : un plein sac de haricots. Georges Colomb en mange tant qu’il en meurt le 3 janvier 1945. (Mort au champ d’honneur des haricots ! aurait pu s’écrier Camember).
Anticlérical convaincu, il a reçu les sacrements de l’église et est enterré à Nyons avant de rejoindre le caveau familial dans la 35e division du cimetière d’Asnières.
La trilogie : Fenouillard, Camember, Cosinus, le bourgeois, le soldat et le savant, dont les personnages ont tous leurs racines dans la vie de Georges Colomb, continue d’être régulièrement réimprimée, soit en version de luxe colorée, soit en noir et blanc en livre de poche.