par Jean-Claude Rouchouse
Études drômoises n° 52 (décembre 2012)
pp. 22 à 24
Résumé d’après l’article
L’une des particularités du Diois est la présence dans le paysage de nombreux cimetières familiaux protestants.
Ils sont constitutifs d’un patrimoine, partiellement menacé de disparition.
L’Édit de Nantes d’Henri IV du 13 avril 1598 donne un statut légal à l’Église réformée et prévoit des places dans les cimetières paroissiaux, par exemple sous la forme d’un « carré protestant ».
Mais en octobre 1685, l’Édit de Nantes est révoqué par Louis XIV, le culte protestant est interdit.
La sépulture dans les cimetières catholiques est refusée pour les non convertis. Les familles résistantes enterrent leurs morts dans leurs champs. De là, la tradition des cimetières familiaux protestants. Peu à peu ces familles considèrent que cet usage est un droit.
La Révolution de 1789 rétablira tous leurs droits, y compris la possibilité d’être inhumé dans les cimetières paroissiaux.
Les lois de 1881, puis de 1905, assureront définitivement les mêmes droits à toutes les confessions.
En 1990, le préfet François Lépine demande que des études hydro-géologiques soient faites pour les cimetières familiaux protestants afin que ces cimetières n’entraînent aucune pollution des eaux, surtout ceux qui sont proches des zones de captage. Si aucun risque n’existe, le cimetière est agréé. À notre connaissance, aucun cimetière n’a été refusé.
Les cimetières familiaux protestants sont petits (10 à 100 m2, rarement 200), parfois réduits à une ou deux tombes. Ils peuvent être enclos (ou non) par un muret, une grille ou par des haies de buis. Il n’y a qu’une porte, généralement en fer, le plus souvent non fermée. Les stèles les plus anciennes, visibles, datent de 1780-1790. L’austérité est de règle, les croix rares, simples, sans Christ crucifié. Par contre, les versets bibliques sont fréquents, par exemple « Heureux ceux qui ont le cœur pur car ils verront Dieu » (Mathieu V, 8) ;
L’abandon de ces cimetières, par absence de descendants ou désintérêt de ceux-ci, constitue une perte patrimoniale.
La privatisation de l’entretien pose un problème de sauvegarde quand la famille disparaît. L’inventaire des cimetières reste à faire. Dans le Diois, leur nombre dépasserait probablement 400.
Ces cimetières restent appréciés de nombreuses familles dioises car empreints d’une grande sérénité dans un environnement naturel à l’écart de tout bruit et de toute pollution. Ce sont des « institutions » vivantes qui méritent d’être ménagées et aménagées.