Association universitaire d'études drômoises
L'AUED est une association reconnue d'utilité publique qui édite Études drômoises, la revue du patrimoine de la Drôme

Les cicatrices de la montagne de Côte Blanche

par AUED

Par Michel Wullschleger

Études drômoises n° 51 (octobre 2012)
pp. 14 à 19

Résumé d’après l’article

Depuis la départementale qui conduit de Plan-de-Baix au col de Bacchus et au Royans, et mieux encore depuis la route ou même les falaises du Vellan, on aperçoit, à l’ouest, d’étonnantes formes de relief sur le versant du pli par lequel les plateaux de Combovin et de Gigors dominent de 200 à 300 mètres la large avenue qui s’abaisse depuis le col des Limouches jusqu’à Plan-de-Baix.

Deux glissements de terrains ont sérieusement modifié le paysage et le système hydraulique qui les ont précédés.
Ces glissements de terrains ont oblitéré le canyon le plus occidental le transformant à deux reprises en « vallée aveugle » c’est-à-dire privée d’écoulement vers l’aval par des contrepentes à la faveur desquelles les fortes pluies peuvent entraîner la formation de lacs éphémères.

La montagne de Côte Blanche est un pli calcaire en forme de voûte, orienté du nord au sud selon la direction méridienne de tous les plis du massif du Vercors.
Ce nom de Côte Blanche désigne surtout la partie la plus élevée du pli, avec ses deux « pointes » à 1136 et 1142 mètres d’altitude. On peut dire qu’ici, d’une façon générale, les écoulements des eaux se caractérisent par leur intermittence dans le temps, comme dans l’espace.

Nous nous intéresserons essentiellement aux deux canyons qui encadrent Charchauve et qui convergent à proximité de La Blache.
Le premier, dit ravin des Combes, serpente quelque peu avant de filer jusqu’à Lanchatra.
Le second, le ravin de la Côte Blanche, à hauteur de Charchauve, s’élargit en un petit bassin dit « Le Verger » où surgit une source assez abondante et pérenne. C’est au sud du « Verger » que des éboulis viennent barrer le canyon. Le lac de Charchauve s’installe immédiatement au nord et au pied de ce barrage.

Il faut des précipitations exceptionnelles pour qu’il s’installe.
En 1983, en 1994, puis en 2002, ce lac a couvert une surface un peu inférieure à un hectare sur un terrain associant prairie et bois. Dans sa partie sud, la plus basse, la profondeur de l’eau peut dépasser quatre mètres. Mais ce lac disparaît en trois ou quatre jours. L’eau utilise alors des cheminements complexes.

Nous n’avons pas trouvé de mentions à ces lacs dans les archives de l’abbaye de Léoncel qui évoquent à plusieurs reprises Charchauve.
Ce qui paraît plus grave c’est que la carte d’État major, type 1889, note la présence d’un lac étroit et long de plus d’un kilomètre ! Même les cartes Michelin ont, à leur tour, dessiné le « Pas du Gorêt » sous la forme d’un lac. L’arrivée intempestive de voitures familiales avec des remorques portant divers types d’embarcations faisait la joie de la famille de Firmin Teston, propriétaire des lieux.

La modeste montagne de Côte Blanche expose des cicatrices à la fois spectaculaires et intéressantes. Le lac de Charchauve joue les arlésiennes, mais quelques personnes ont eu la chance de le voir et de le photographier.

Vue aérienne (Géoportail)
Le lac (éphémère !) de Charchauve
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