Association universitaire d'études drômoises
L'AUED est une association reconnue d'utilité publique qui édite Études drômoises, la revue du patrimoine de la Drôme

Pierre Périer, surprenant prieur claustral à Léoncel

par AUED

Par Michel Wullschleger

Études drômoises n° 50 (juin 2012)
pp. 28 à 33

Résumé d’après l’article

C’est avec le titre de « prieur claustral » chargé de gouverner la communauté des moines qu’arriva à Léoncel en 1739 Dom Périer, alors en poste à Bellaigue en Auvergne.
Bachelier de théologie de Sorbonne, il disposait de solides relations dans les hautes sphères cisterciennes.
Il avait mission de redresser une situation très détériorée et de diriger la petite communauté monastique de quatre moines parmi lesquels son frère, Jean Périer.
Le domaine temporel de l’abbaye, extrêmement dispersé, connaissait alors d’importantes difficultés de gestion et traversait une crise morale, voire religieuse.
Au prix d’une série de mesures, Périer redressa la situation financière. Ses comptes, tenus de manière très stricte, permettent de bien connaître la vie quotidienne de l’abbaye.

Par contre, on peut s’étonner du peu de respect de Dom Périer envers les préceptes des Eaux et Forêts.
Les prescriptions de 1726 et 1726 avaient révolté les villageois qui les considéraient comme une atteinte à leurs « droits d’usage ». En fait moines et paysans se trouvaient sous haute surveillance.

Dom Périer eut longtemps la confiance de ses supérieurs, comme celle de personnages importants de l’ordre par exemple de son ancien condisciple, François Trouvé, élu abbé général de Cîteaux en 1748.
À Léoncel, il prolongea l’effort entrepris par Dom Jourdain pour restaurer une vie religieuse plus cistercienne.
En 1751, il devint « Vicaire général de l’ordre pour le Dauphiné », habilité « à faire régulièrement visite des maisons du Dauphiné » et il visita l’abbaye de moniales de Saint-Paul, transférée à Beaurepaire.

Dom Périer détestait le site de Léoncel, (isolement, insuffisance des voies d’accès, insécurité grandissante) et en fait souhaitait délocaliser l’abbaye à la Part-Dieu.

Il va profiter de la peur suscitée par la présence de seize contrebandiers de la bande de feu Mandrin au village d’Omblèze. La communauté quitta Léoncel dans la nuit du 4 au 5 juin et s’installa finalement dans le hameau de Montélier, aujourd’hui nommé « Les Bernardins ».

Dom Périer s’intéressait aux idées nouvelles. Il estimait nécessaire d’initier une vraie politique de défrichement au profit d’herbages et de cultures céréalières et développer l’élevage des moutons pour la laine. Pour lui la qualité de la laine produite sur Ambel valait celle de la laine achetée au prix fort en Espagne.

C’est lui qui initia le processus par lequel l’abbaye s’abonna à l’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert, cas unique parmi les abbayes aux revenus relativement modestes. Nous ne connaissons pas le destin des volumes de cette imposante collection.
Des conflits permanents avec les Eaux et Forêts de Die, des relations contestées avec le ménage Arnoux, dont la femme avait une détestable réputation, cela ajouté à une filouterie perpétrée par deux escrocs et le crédit du prieur se trouva ruiné.

Dom Périer fut relevé de ses fonctions le 6 février 1777 par l’ordre de Cîteaux.

L'abbaye en 2009
La maison de Dom Périer à Saint-Vincent-la-Commanderie
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