Association universitaire d'études drômoises
L'AUED est une association reconnue d'utilité publique qui édite Études drômoises, la revue du patrimoine de la Drôme

Ferrat chante Aragon

par AUED

par Jean Sauvageon

Études drômoises n° 49 (janvier 2012)
pp. 6 à 9

Résumé d’après l’article

Le 13 mars 2010, Jean Ferrat nous quittait.

La presse locale et nationale, les télévisions ont donné à cet événement la première place alors que pendant des dizaines d’années, Jean Ferrat a été écarté des médias, censuré à cause de ses engagements politiques.
Malgré qu’il ne soit plus remonté sur scène depuis 1973, sa mort a déclenché une vague de sympathie qu’on ne pouvait imaginer.

Pourquoi cet engouement ? Les textes qu’il mettait en musique étaient de lui, souvent, mais il savait aussi puiser chez d’autres auteurs de grande valeur, parmi eux, Aragon.

Ce qui rend Jean Ferrat proche des gens aussi, c’est sa grande indépendance d’esprit, sa liberté de pensée et sa faculté d’exprimer ses critiques. Il blâmait sans concessions ce monde qui nous entoure, cette société inhumaine, les aberrations du néocapitalisme.

Nathalie Piégray-Gros, maître de conférences à l’université de Paris 7-Denis Diderot, écrit en introduction à son excellent ouvrage, en deux volumes, originalement présenté dans un coffret : « Aragon n’a jamais écrit de chansons.

Alors que Desnos ou Prévert composent des poèmes pour les musiciens et les interprètes qui les chanteront. Aragon n’a jamais écrit de poèmes dans cette intention.

Pourtant sa poésie a été, plus qu’aucune autre, mise en musique et chantée : Il n’y a pas d’amour heureux (Brassens), L’Affiche rouge (Ferré), C’est si peu dire que je t’aime (Ferrat) sont des chansons si familières à notre mémoire qu’il semble impossible d’entendre les mots du poème en les détachant de l’air et des inflexions de la voix qui les chante ».

Le poème est mis à la portée de tous alors que s’il était resté dans le livre quelques milliers de lecteurs seulement l’auraient découvert.

Aragon a fortement reconnu cette valeur d’interprétation et de critique à la mise en chansons ; il s’est montré toujours très libéral envers les adaptations des chanteurs, qu’il autorisait à mettre en musique ses poèmes comme ils le souhaitaient. » (N. P-G).

C’est dans les années 1950 que Jean Ferrat a composé sa première mélodie sur un poème d’Aragon tiré des Yeux d’Elsa. En 1971, Ferrat sort son premier album entièrement consacré à Aragon, vendu à plus d’un million et demi d’exemplaires, ce qui montre qu’il connaît une popularité qui dépasse largement le monde influencé par le communisme dont il est proche.

Le second album consacré à Aragon sort, 23 ans après, en octobre 1994. Les orchestrations sont dues à « l’inusable Alain Goraguer » (Robert Belleret). C’est, dit Jean Ferrat, un disque « de longue haleine, de longue mémoire et de long désir ».

Concluons avec Jean Saussac, l’ami de l’autre Jean d’Antraigues, ancien maire dont Ferrat avait été un des adjoints, dit en plaisantant, au cours d’une partie de pétanque :

« Il joue comme il chante, c’est-à-dire que c’est pas terrible », puis, plus sérieusement : « Pour moi, ce n’est pas un chanteur, c’est un homme qui chante…, rien à voir ! ».

Tout est dit.

Jean Ferrat à Romans, le 1er décembre 2000
Au vernissage de l'exposition "Aragon ou l'écriture faite homme"

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