Il y a du Jules Verne dans ce Marcel Leyat, né en 1885, décédé en 1986.
Son père a été nommé juge à Die, sous-préfecture modeste, mais dont les notables, qu’ils soient catholiques, protestants ou libre-penseurs, sont très intéressés par toutes les nouveautés techniques de cette fin du 19e siècle.
Ce sont eux qui encourageront le lycéen, puis le jeune ingénieur, également soutenu par sa famille, en créant une société carrément à fonds perdus ! Car il fallait y croire : il veut voler sur son propre planeur, donc à 15 ans il dessine, il expérimente aux fins de semaine dans la fabrique dioise de meubles en noyer qui lui prête ses grands ateliers.
Puis à 20 ans il conçoit et construit en vraie grandeur un planeur qu’il fait voler dans le Diois : il a mis entre parenthèses ses études d’ingénieur pour mener à bien son projet et apprendre à piloter.
Essais complètement réussis en 1909, toujours grâce à ses amis diois qui ont mis à sa disposition finances, locaux, et voitures personnelles pour tirer sur le champ d’essai de Luc-en-Diois l’énorme machine.
Mais il ne s’arrête pas là : ses planeurs seront à moteur avec des hélices dont il parfait le gabarit, le matériau, les performances.
Le Diois est trop montagneux, il s’expatrie vers des terres plus planes pour des essais de plus en plus concluants ; Marcel Leyat reste cependant très attaché au pays diois et à ses indéfectibles amis.
Ses hélices font merveille pendant la guerre de 1914 durant laquelle il a aussi conçu un bombardier…
Il a confiance dans ses hélices, dans leur incroyable potentialité : conçue avant 1914, il peut déposer, la paix revenue, le brevet de sa voiture à hélice, l’Hélica que commande le roi d’Espagne dès les premières fabrications.
Suit dans les années 1920 un concept étonnant, l’avion–automobile aux ailes amovibles, parfait(e) pour les hommes pressés.
À 40 ans, il semble avoir atteint ses buts ; il lui faudrait désormais développer la fabrication, rechercher activement des investisseurs, mais l’ « ingénieur ingénieux » semble moins doué pour la mise en œuvre de ses inventions, même s’il sait utiliser la publicité.
Dans ce court article, on le laisse à mi-chemin d’une vie où il inventera sans cesse, dans les domaines les plus divers, dont la musique.
L’Association Les Amis de l’Hélica perpétue son souvenir et dispose d’archives dont la publication serait passionnante.