À l’entrée de Montmeyran il est une vaste maison, fraîche en plein cœur de l’été, avec un escalier majestueux où Jean-Michel Rezelman a établi ses quartiers.
Son grand-père aimait peindre : « Dès la plus tendre enfance », dit-il, « j’ai baigné dans l’odeur de l’huile et de la thérébentine. »
C’est en 1950 que la famille s’installe à Montmeyran et Jean-Michel se retrouve pensionnaire au lycée de Tournon. Puis il suit les cours de Paul Bernezat à l’école d’art de Valence qui servait d’école préparatoire à l’école d’architecture de Grenoble. Mais c’est finalement à Paris qu’il s’inscrit, où il fréquente les musées et surtout les Halles, « un microcosme fabuleux, aussi bien pour les couleurs que pour les odeurs… »
Ensuite c’est le service militaire à Lons-le Saunier, où on lui découvre une dégénérescence de la rétine, qui va, au fil des ans, modifier toute sa vie.
En 1970, il retrouve son copain Bernard Sapet qui l’encourage à Peindre : « Je n’étais pas très convaincu par ce que je faisais… J’allais dans tous les sens : abstraction, surréalisme, je cherchais… »
De 1985 à 1992, il parcourt le monde en remplissant des carnets qui ont fini chez sa nièce.
La Chine, alors peu ouverte aux étrangers, lui ouvre des portes grace à son frère qui y est établi. Jean-Michel parle avec passion de la peinture chinoise.
En 1987, alors en Australie, il réalise qu’il ne sait plus où il est, qu’il se perd en plein jour, qu’il ne voit plus les trous et les bosses.
En 1992, à son retour en France, il expose 120 toiles et dessins à Portes-lès-Valence.
Désormais non-voyant, il continue à peindre au moyen de divers subterfuges matériels pour se repérer sur la toile et savoir choisir les couleurs.
Comment définit-il sa peinture ? Une peinture abstraite, faite de points, mais encore ? «Depuis des temps immémoriaux, l’homme peine à montrer qu’il existe et il essaye de transcrire une partie infime de ses perceptions…
La lumière passe toujours à travers moi. Je vois, oui, je vois des taches, des points. C’est la lumière qui transforme tout. »