Rabelais a-t-il visité la Drôme ? En tous cas Pantagruel en compagnie de son précepteur Epistémon est venu étudier à la faculté de Valence.
Non, Michel de Montaigne (1533-1592), « le cul sur la selle » n’a pas traversé la Drôme. Ce n’est pas en touriste qu’il voyageait mais en homme malade de la gravelle, soucieux de prendre les meilleures eaux.
Madame de Sévigné, elle, est plusieurs fois venue à Grignan. Pour voyager, elle adopte la litière qu’elle recommande à sa fille. Ces litières sont de longues caisses à brancards portées par des valets ou tirées par des chevaux dans lesquelles on voyage allongé. Quand elle descend en Provence, elle a coutume de quitter sa litière à Lyon et de descendre le Rhône en bateau à rames jusqu’au port du Robinet. Ses voyages durent longtemps. Lorsqu’elle quitte pour la première fois Paris pour Grignan en 1672, l’expédition dure 17 jours du 13 au 30 juillet. Mais elle ne parle guère de Grignan ni de la contrée alentour. Son seul intérêt est sa fille et encore sa fille.
Mme de Sévigné n’a pas la mentalité d’une touriste ! Comment l’aurait-elle à une époque où ni le mot ni la notion n’existent ?
Il faut attendre le dernier voyage, en 1694, pour trouver quelques renseignements, mêlés de superlatifs. Elle croit être dans un « château enchanté ». Elle a quitté « un vilain monde pour un monde de rêve ». Les choses se gâtent en hiver, ce qu’on imagine aisément en voyant l’étendue des salles, la hauteur des plafonds et le manque total d’isolation : « Hélas, nous avons cent fois plus froid ici qu’à Paris. Nous sommes exposés à tous les vents. Nos écritoires sont gelées, nos plumes ne sont plus conduites par nos doigts qui sont transis…» La marquise meurt le 16 avril 1696. Son dernier voyage la conduit du château à l’église où son squelette connaîtra quelques avatars…


