À la fin du XIXe et au début du XXe siècle, les anarchistes étaient bien implantés sur Romans.
Vers 1885, un groupe « d’études sociales » ou « socialiste-révolutionnaire » se constitue et a un siège au 6-8 rue du Mouton. Leur nombre est important puisque la police, en 1893, à Romans – Bourg-de-Péage, repère 83 anarchistes (47 à Valence) dont quelques-uns sont signalés comme particulièrement actifs.
L’anarcho-syndicalisme romanais a certainement été favorisé par l’émiettement des ateliers à la fin du XIXe et dans la première moitié du XXe siècle. Roger Pierre indique : La mentalité individualiste et libertaire des ouvriers à domicile et des travailleurs à façon imprimera pour longtemps sa marque à Romans.
Alphonse Gélibert (1883-1963)
Il avait créé le « Dispensaire anti-tuberculeux de Romans – Bourg-de-Péage », en 1919, dans une annexe de l’école Tortorel, dispensaire qui, en 1928, prend le nom de « Dispensaire ouvrier » (dissous en 1976). Une rue de Romans porte le nom d’Alphonse Gélibert.
Marcel Armand (1918-1987)
Marcel Armand nous a laissé des écrits. Dans Une tranche de pogne, il nous raconte la vie des familles ouvrières romanaises, sa formation libertaire, son engagement syndical à la CGT, la création de la SAMIR, son adhésion au Parti communiste et ses différends, sa participation au conseil municipal après la libération, etc.
Son activité syndicale lui a souvent coûté la perte de son emploi. Il a terminé sa vie professionnelle dans une fabrique de bijoux, à Valence.
Maurice Javelot (1914-1990)
Nous connaissions l’homme, le militant, l’assoiffé de justice, nous ignorions qu’il avait laissé une trace écrite de sa vie. Tous ceux qui découvraient le texte étaient subjugués par cette verve, cette faconde, ce style, cette façon de jouer avec les mots, mais surtout par ce témoignage vivant sur son enfance, sa jeunesse et celle de ses semblables.
Voilà trois militants ouvriers qui illustrent bien cet esprit que l’on trouvait à Romans. La concentration de l’industrie de la chaussure a rogné ces tendances libertaires pour donner plus de poids aux luttes syndicales, aux actions de groupes plus importants.
Même si aujourd’hui les formations scolaires sont plus élevées, je ne suis pas certain que la même appréhension des problèmes de vie, de défense de la condition des salariés, de prise en compte des intérêts collectifs soit aussi présente chez les travailleurs romanais.