par Monique Le Nezet et Alban Horry
Études drômoises n° 45 (mars 2011)
pp. 32 à 39
Résumé d’après l’article
Un diagnostic archéologique réalisé en 2006 sur le tracé du contournement nord-ouest de Romans a révélé une occupation quasi continue depuis l’âge du bronze jusqu’au Moyen Âge. Les fouilles qui ont suivi ont permis de restituer plusieurs épisodes de l’histoire de la plaine de Romans.
L’installation humaine la plus ancienne (retrouvée) remonte au VIIIe siècle av J.-C. aux « Meilleux ».
Un petit habitat rural s’installe au bord d’un autre chenal aux « Presles » à la fin du VIe ou au début du Ve siècle av J.-C.
L’abondant mobilier archéologique retiré du comblement sableux (7 000 tessons céramiques, 20 objets métalliques, 700 restes osseux de faune), témoigne de contacts et d’échanges avec le Nord et avec le Midi méditerranéen.
L’occupation gallo-romaine se concentre principalement aux « Prêles », à l’extrémité orientale du tronçon fouillé du CNOR, élargi pour l’emprise d’un bassin de collecte des eaux.
Trois à quatre bâtiments, desservis par une route ou un chemin, entourent une vaste cour (ou aire de travail) caractérisée par un ensemble de plus de cent vingt fosses aux parois rubéfiées réparties sur 3 400 m2 au minimum.
Compte tenu du contexte rural, une activité agricole saisonnière semble la plus évidente.
L’occupation de la plaine continue durant le haut Moyen Âge.
Avant même l’établissement d’édifices religieux, comme le prieuré clunisien Saint-Pierre près des Balmes, ou l’émergence du village de Romans autour de l’abbaye Saint Barnard édifiée au IXe siècle, quelques indices concrets indiquent la continuité de la présence humaine dans la plaine.
Les fours
La découverte la plus inattendue concerne ce site des « Meilleux » où vingt fours de potiers apparaissent dès le décapage de la terre végétale. Ils sont répartis sur l’ensemble de l’emprise et sont accompagnés de fonds de bâtiments, d’aires de travail, de fosses d’extraction d’argile et de structures diverses sur poteaux.
La céramique
Le seul critère de datation aujourd’hui disponible, est la céramique découverte en abondance. À ce jour, l’étude de plus de 60 000 tessons, permet de distinguer trois phases de production au cours des Xe-XIe siècle.
Les silos
Un ensemble de silos illustre un autre groupement « aux Prêles » au XIe siècle. Près d’une cinquantaine de silos médiévaux s’inscrivent dans cette partie du tracé du CNOR sur 300 m de longueur. L’emprise dégagée, incomplète, couvre déjà plus d’un hectare.
En conclusion
Ainsi, ce secteur de la plaine, largement irrigué par de nombreux rus et ruisseaux, souvent inondé, et sans doute traversé par un axe routier de tradition ancienne, a favorisé, durant 2 700 ans, l’installation d’établissements ruraux, regroupés ou dispersés selon les périodes, et à vocation familiale artisanale et sans doute commerciale.