En novembre 1940, date où Marcel Légaut vient s’installer dans le Diois, il a 40 ans.
Ce brillant universitaire, apprécié de sa hiérarchie, de ses collègues et de ses étudiants, poursuit une carrière jalonnée de divers postes à Évreux, Nancy, Rennes où en plus de son travail à la faculté, il assure un enseignement sur la mécanique des fluides à l’IPO (Institut Polytechnique de l’Ouest).
Son passage rue d’Ulm correspond à son éveil à la spiritualité, sous l’influence du père Portal, un lazariste ami de Lord Halifax. Il rencontre Teilhard de Chardin, lit beaucoup et médite.
Il est mobilisé comme lieutenant puis capitaine d’artillerie et ce passage aux armées lui permet de mesurer son inaptitude à la fonction militaire et aussi l’extraordinaire pagaille qui régnait au sein de l’Armée française.
Il en retire l’impression que les causes profondes de la défaite sont à rechercher plus sur le plan humain que militaire.
Ces différents constats amènent Marcel Légaut, lors de sa démobilisation, à solliciter du gouvernement de Vichy l’autorisation d’opérer un « retour à la terre » : il propose, tout en continuant ses cours à la faculté, de prendre chez lui dans une petite exploitation agricole quelques étudiants pour les aider dans leurs études et faciliter leur entretien matériel…
Et l’arrêté est signé le 12 octobre 1940. Diverses mesures accompagnent cette décision, permettant au projet de Marcel Légaut de prendre corps. Un bilan fait en mai 1943 précise que 35 personnes ont pu vivre aux Granges (nom de la propriété) pendant les vacances universitaires et une quinzaine toute l’année. L’expérience prend fin en juin 1945.
La contribution à la Résistance du réseau Légaut est reconnue officiellement : propos du maire de Lesches … «Mais le réseau de la résistance le plus intense du secteur et qui se déroula dans la plus grande discrétion, ce fut certainement celui qui était animé par Monsieur et Madame Marcel Légaut aux Granges de Lesches. Ils méritent notre gratitude ».