Parlementaire pendant plus d’un demi-siècle, Marius Moutet a été ministre sept fois entre 1936 et 1947.
Né à Nîmes en 1876, il fait ses études à Lyon, où il devient socialiste militant et avocat.
Dreyfusard enthousiaste, il approche ceux qui furent ses modèles : Jean Jaurès et Francis de Pressensé. Député du Rhône en 1919 et 1924, il est battu en 1928 mais se trouve appelé par la fédération de la Drôme du parti socialiste pour succéder à Jules Nadi à Romans. Réélu en 1932 puis 1936, la victoire du Front populaire en fait un ministrable.
Léon Blum lui confie le portefeuille des colonies, poste complexe pour lui car il était pris entre l’allié radical, chaud partisan de la colonisation et le partenaire communiste prompt à soutenir le moindre soubresaut indépendantiste.
Il s’appliqua donc à promouvoir, durant les vingt mois de son action ministérielle, une colonisation républicaine à base de « libération » et d’ « assistance ».
C’est de l’ère Moutet que datent la naissance d’un véritable code du travail outremer et la ratification de la Convention de Genève portant suppression du travail forcé. Parallèlement, un « grand programme de petits travaux » va améliorer les conditions de vie des indigènes.
Bien que limité dans ses réformes par un Sénat frileux, sa popularité franchit largement le périmètre de nos frontières coloniales.
La chute du gouvernement Blum et la parenthèse de la guerre et de l’occupation, furent, pour Marius Moutet, synonymes d’exil et de proscription.
La désignation, en 1946, du socialiste Félix Goin au gouvernement entraîne tout naturellement le retour de Marius Moutet qui va alors consolider ce qu’il avait entrepris avant la guerre.
Le remplacement de Goin par Bidault limite fortement son rôle et le retour de Blum ne suffit pas à le relancer.
Les militaires présents en Indochine brouillent les cartes, pressés d’en découdre. Parallèlement Madagascar s’insurge et le ministre doit laisser s’y déployer une répression féroce.
Taxé de laxisme par la droite et accusé de complaisance colonialiste par la gauche, Moutet doit partir. Il représentera la Drôme au sénat jusqu’à sa mort, en 1968, à Paris.