Pour devenir ministre sous la troisième république, il faut avoir exercé un mandat électif. Maurice Faure répond bien à cette condition : d’abord député puis sénateur, il fut aussi maire et conseiller général. Ses talents d’orateur le faisaient écouter. Mais c’est sa légitimité républicaine, forgée dès l’enfance au sein de sa famille, à Saillans, qui lui assure une appartenance politique ferme, dans le parti radical. Son intérêt pour l’instruction publique en fait un spécialiste, en particulier pour ses aspects budgétaires, dont il est souvent le rapporteur à la Chambre des députés comme au Sénat.
Le deuxième ministère Briand lui offre l’opportunité du ministère de l’instruction, car l’ardent radical qu’il est saura défendre la laïcité. Son appartenance à la franc-maçonnerie lui est reprochée par l’opposition, d’autant que ce gouvernement bat des records de participation des francs-maçons.
Parmi les mesures qu’il prend, beaucoup sont en faveur des instituteurs, les hussards noirs, à la pointe du combat laïc, se devaient d’être défendus par leur ministre. Mais plus encore que des mesures concrètes, c’est son action continue pour la défense du socle républicain et laïc de la République qui motive ses actes.
Fortement attaché à ses racines drômoises, il revendique hautement son identité provinciale et provençale et cela s’exprime par sa fidélité au patrimoine linguistique. Il se fait le chantre du Midi à l’occasion de ses nombreuses interventions et discours.
Cette proximité avec son électorat fait que même ceux qui ne partagent pas ses idées lui sont reconnaissants de ses actions en faveur des Drômois. La légitimité du notable est d’abord personnelle, sa légitimité électorale est presque secondaire.
Au début de l’année 1911, la question religieuse s’exacerbe. Une trop courte majorité dans ce domaine incite Aristide Briand à faire parvenir la lettre de démission de son gouvernement, fin février 1911.
Il ne sera plus rappelé à aucun poste.