Association universitaire d'études drômoises
L'AUED est une association reconnue d'utilité publique qui édite Études drômoises, la revue du patrimoine de la Drôme

La Drôme, cette belle inconnue

par AUED

par Armand Frémont

Études drômoises n° 33 (mars 2008)
pp. 3 à 21

Résumé d’après l’article

La Drôme serait-elle un «entre deux»? Entre deux climats, nord océanique et midi méditerranéen, entre deux métropoles, Lyon et Marseille, entre deux arts de vivre, stress, énergie et quiétude…

La Drôme tire son nom d’un des principaux affluents de rive gauche du Rhône. Rivière de 110 km de long dont le cours, parfois impétueux, partage le département selon un axe globalement est-ouest.

Ce sont les Constituants de 1789-90 qui ont créé la Drôme, le département, en lui donnant le nom de la rivière et en rassemblant en une seule unité trois traditions provinciales.

C’est un département « moyen », tant pour sa superficie que pour sa population, touché de plein fouet par une lente dépopulation et un exode rural important.

Son histoire hérite des traditions romaines d’abord, puis du Moyen Âge à l’époque de Louis XI. Il semble que sa situation « intermédiaire » ait favorisé un esprit rebelle, refusant tutelles et contraintes, qui s’est vérifié à maintes reprises au cours des siècles.

Le Vercors, cette «forteresse», pour utiliser un mot fréquemment employé, massif des Préalpes du nord qui culmine au Grand Veymont (Isère) à 2 341 m. Longtemps pays de repli et de pauvreté, le Vercors s’est ouvert avec l’essor de l’élevage, de l’exploitation des forêts et du tourisme. C’est encore un lieu de légende avec l’épisode de Résistance durant la dernière guerre, dramatiquement terminé en juillet 1944…

La basse vallée de l’Isère, dite maintenant «Drôme des collines», s’étend sur tout le nord du département. Pays de tradition agricole plutôt pauvre et de petites industries artisanales, réparties dans de très petites villes, l’activité humaine s’est beaucoup ralentie, entraînant un dépeuplement marqué. Élevage, exploitation forestière, forêts giboyeuses, vignobles réputés constituent l’essentiel de l’activité actuelle, mais depuis peu, grâce à la mise en valeur des vallées de l’Isère et du Rhône, le phénomène de rurbanisation mord sur les vieux pays.

Le Diois doit son nom à la petite ville de Die, ancienne cité romaine sur la route des Alpes. Pays à forte identité, assez peuplé jusqu’à l’aube du XIXe siècle, la dépopulation l’a frappé de plein fouet : le Diois, pour un géographe des années 70, est un symbole nostalgique de déclin quasi absolu.

D’une topographie complexe, le Diois propose un climat, qui, s’il bénéficie des ensoleillements méditerranéens, n’est pas exempt de mauvais jours, des sécheresses, des coups de froid, de fortes ondées. Les dernières décennies permettent d’assister à une renaissance en douceur du Diois, comme de la plupart des régions trop vite oubliées, car c’est un superbe pays.

La Drôme provençale s’allonge d’ouest en est en bordure de la Provence, depuis la vallée du Rhône et le Tricastin jusqu’aux Baronnies, de plus en plus élevée et de moins en moins peuplée à mesure que l’on progresse vers l’intérieur. Ce sud du département n’est plus de culture dauphinoise mais provençale. Ces pays réputés isolés ne le sont plus, sauf à l’est dans la partie la plus reculée des hautes Baronnies. Vignobles de qualité, artisanat, tourisme attestent de ce renouveau.

La vallée du Rhône, dans toute l’intensité de ses activités, est un autre monde. La carte révèle ce que l’œil ébloui ne peut déceler complètement. La trace d’une voie romaine, la vieille nationale 7 des premières vacances, l’autoroute souvent saturée, le chemin de fer, le TGV, un aérodrome, le canal de dérivation de Donzère-Mondragon, une agriculture intensive, la centrale nucléaire du Tricastin, les vastes installations du Commissariat à l’Énergie Atomique (CEA) de Pierrelatte

Le Rhône, le fleuve roi, est l’axe fondateur de toute cette activité. Roulant en moyenne plus de 1000 m3 d’eau par seconde en aval de Lyon, c’est dans la Drôme un fleuve ample, majestueux, relativement régulier, dangereux par les crues soudaines de ses affluents lorsqu’il n’était pas aménagé, mais maintenant parfaitement sécurisé. Les plus grandes entreprises industrielles de la Drôme n’évoquent plus le passé mais plutôt l’innovation. Les arbres fruitiers, le vignoble des Côtes du Rhône sont les fleurons d’une agriculture de haute renommée.

La ville de Valence domine maintenant la géographie du département de la Drôme. Comptant 64 260 habitants en 2000, elle est de loin la plus peuplée. Son aire urbaine atteint même 160 000 habitants, à rapprocher des 10 000 âmes que comptait la petite préfecture du XIXe siècle. Les autoroutes, le TGV, le port fluvial, la plateforme intermodale, tout ces infrastructures participent à ce développement.

Valence ne sera jamais Lyon, à 100 kilomètres, ni Marseille, à 230. Mais entre les deux, sur un axe majeur de l’espace européen, il y a bien place aujourd’hui pour une ville importante

Deux Drôme qui coexistent, l’une qui fut un repli et qui s’affiche maintenant comme un art de vivre, l’autre hypermoderne, dense, dynamique et où se brûle parfois la vie, la Drôme tranquille et savoureuse de l’intérieur, la Drôme active et dense de la vallée du Rhône.

Crest et sa célèbre tour
Le Grand Veymont, vu de la Grande Cabane
Les universités Stendhal et Pierre Mendès-France, à Valence
Les tours de la centrale de Cruas
La gare Valence-TGV, sur la commune d'Alixan

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