Parmi les initiatives de Napoléon III, il y eut le développement d’une statuaire commémorative tendant à perpétuer le souvenir du premier Empire, et Valence va voir s’ériger une statue du ministre Jean-Pierre de Montalivet.
Tout commence très bien dès 1868, une souscription recueille les 21 000 francs réclamés par le sculpteur parisien Gustave Crauck, ancien grand prix de Rome, qui s’engage à réaliser le bronze de 3 mètres de haut dans un délai de 2 ans. En avril 1870, la fonderie Thiébaut a terminé le travail…
Mais les événements vont en décider autrement. En septembre l’armée française capitule à Sedan et Napoléon III déchu doit partir. La IIIe République s’installe, le projet de statue devient beaucoup moins attrayant. Malgré tous ses efforts, le sculpteur ne parvient pas à se faire payer et découragé, demande à la fonderie de se mettre directement en contact avec la ville de Valence. En 1875, le maire Bonnet, après un volumineux échange de courrier, accepte de régler la facture litigieuse. Là-dessus, il est révoqué et son remplaçant, Jean-Pierre Bernard se désintéresse du sujet.
Plus personne à Valence ne parle du bronze lorsque le fondeur demande à la ville de bien vouloir récupérer cette statue qui « encombre » son atelier. Montalivet arrive finalement à Valence, où, ne sachant où l’installer, on le dépose dans un vestibule de la bibliothèque où il va encore rester de longues années en attendant de lui trouver un emplacement. En mars 1880, un projet est présenté au conseil municipal, l’argent est là, on y est ?
Et non, cinq nouvelles années passent en négociations stériles sur l’emplacement à définir. L’inscription, la nature du socle, la grille, tout est matière à d’interminables discussions et les années défilent inexorablement. Il faut que la famille Montalivet, en septembre 1893, se propose pour prendre en charge le piédestal et l’installation de la statue.
C’est finalement le 12 octobre 1895 à 14 heures 30 que le maire coupe le ruban tricolore !
Jean-Pierre Montalivet, avant de contempler la foule des Valentinois, aura épuisé 10 maires, autant de préfets et mis sans dessus dessous toute une ville.
Reste l’épisode de la guerre où le bronze des statues était convoité par l’Allemagne. Déboulonnée le 1er avril 1944, la statue stockée à Lyon en attendant d’être fondue, est sauvée par l’avance des troupes alliées. Elle reviendra à Valence où elle pourra retrouver (définitivement ?) la place originelle prévue en 1885…