Association universitaire d'études drômoises
L'AUED est une association reconnue d'utilité publique qui édite Études drômoises, la revue du patrimoine de la Drôme

Années noires à Mollans

par AUED

par Maria Bell-Lloch

Études drômoises n° 32 (décembre 2007)
pp. 12 à 19

Résumé d’après l’article

En septembre 1941, après avoir fui l’Espagne franquiste, séjourné trop longuement dans les camps français, la famille de Maria se retrouve à Mollans.

Ils y louent une grande, mais vétuste maison sans confort et commencent leur vie dans le village.

La jeune Maria, qui a 13 ans, se retrouve à l’école où la méconnaissance du français rend les choses compliquées. Mais la famille mène la même vie que les autres habitants du village, elle s’est fait des amis et commence à pouvoir échanger ; peu après, leur situation administrative se trouve régularisée.

Mais la vie était rude et le salaire paternel ne suffisait pas, il fallait que Maria aille demander de l’argent au patron, ce qui l’humiliait profondément. À ses 14 ans, Maria entre dans le monde du travail. C’est l’hôtel-restaurant du village qui l’embauche, nourrie, logée et habillée. La patronne, Yvonne, était gentille, mais le travail rude, surtout la lessive au lavoir pour une enfant de 14 ans. Elle faisait aussi des tournées dans les fermes avoisinantes pour acheter les victuailles pour le restaurant avec la bicyclette d’Yvonne.

La guerre se rapprochant, les maquis se sont développés et les Espagnols ont été parmi les premiers à en faire partie. L’inquiétude quant aux représailles possibles était permanente. Et bien sûr, cela s’est produit, par exemple à Valréas où 9 otages ont été fusillés.

Puis les Allemands sont arrivés à Mollans. Une dénonciation leur a permis de fusiller le père et les deux fils aînés d’une famille et d’arrêter la mère et le plus jeune enfant ; on ne les a jamais revus.

La nouvelle des massacres du Vercors est arrivée ; les Allemands redoublaient de fureur, beaucoup d’exécutions sommaires ont eu lieu, il ne faisait pas bon être résistant ou même simplement jeune.

Cependant le village a fêté le 14 juillet par un grand bal au cours duquel on a chanté des chansons en castillan et en catalan ; un russe a exécuté une danse de son pays, accroupi sur ses talons et l’accordéoniste a fait danser tout le monde.

Le 8 mai 1945, une explosion de joie a salué la fin de la guerre.

Mais pour les Espagnols, ce fut une grande désillusion : l’Espagne gardait son tyran et les démocraties occidentales s’en sont désintéressée.

À la fontaine de Mollans
Avec un groupe de résistants, en 1942
Le train à Mollans en 1944
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