Association universitaire d'études drômoises
L'AUED est une association reconnue d'utilité publique qui édite Études drômoises, la revue du patrimoine de la Drôme

Le Crestois

par AUED

Par Robert Serre

Études drômoises n° 31 (octobre 2007)
pp. 16 à 21

Résumé d’après l’article

Il est né en mai 1900 et a publié plus de 5500 numéros, proposant d’une demi feuille recto verso à l’époque pétainiste aux 24 pages en couleur d’aujourd’hui. Depuis sa création, il a subi bien des changements, soit dans sa fabrication, soit dans sa philosophie car il est le reflet de l’évolution des idées dans la société crestoise.

De 1900 à 1913, le fondateur du journal, distillateur et négociant en liqueurs Joseph Salem Bruyère le met au service de ses idées catholiques de droite. Il y intègre, bien sûr, la réclame de ses productions aux vertus « digestives ».

Comme tous les journaux de l’époque, les rédacteurs ne faisaient pas dans la dentelle et les attaques sont virulentes ! Les francs-maçons, les juifs, les dreyfusards, les « laïcards » sont des cibles privilégiées.

À la veille de la Première Guerre mondiale, le journal est solidement implanté et Bruyère songe à trouver un successeur qui ira dans la même voie ; ce sera Claude Pluvy, à qui il donne sa fille en mariage en 1911.

Mais la guerre éclate, Claude Pluvy est fait prisonnier dès septembre 1914 et Bruyère revient aux commandes, mais la guerre impose son lot de restrictions : le format se réduit, la place est occupée par des communiqués officiels, la censure intervient parfois.

Claude Pluvy rentre finalement de captivité en janvier 1919 ; il a profité de sa captivité pour se perfectionner dans l’imprimerie et fait réaliser de belles avancées techniques au journal. Malgré la rigidité autoritaire de Bruyère qui continue d’imposer sa marque, Pluvy en infléchit peu à peu la tonalité vers un catholicisme plus social et humaniste.

Membre du Radio-club de Crest, il écoute la radio et entend les premières vociférations d’Hitler, évoquant très tôt les périls du nationa-socialisme. Ses convictions politiques (droite chrétienne, MRP…) le poussent à refuser de soutenir la collaboration prônée par le pouvoir : le journal vit des moments difficiles, la censure frappe.

Ces prises de position lui valent d’être choisi pour faire partie du Comité Local de Libération, puis, en 1945, d’entrer au conseil municipal pour y représenter honorablement une certaine droite.

Après le décès de Claude Pluvy en 1950, sa femme Marthe tente sans grand succès de ranimer le journal et finit en 1964 par en passer les rennes à sa fille Claudette et son mari Michel Bourde.

Un dur travail et des ventes de biens fonciers empêchent la disparition du journal, qui sort enfin du rouge à l’arrivée du fils, Claude Bourde. Ce dernier prend de grandes décisions, modernisant délibérément la technique, diversifiant les activités (faire-part, affiches, dépliants publicitaires etc.)

Aujourd’hui, dans un esprit très ouvert et une ambiance amicale, l’imprimerie fonctionne avec une équipe de 14 salariés, et le journal s’appuie sur un réseau très étoffé de correspondants bénévoles dans la quasi-totalité des grandes communes du secteur, que complètent souvent les secrétaires de mairie et les responsables d’associations de tout type intéressés à une bonne information sur leurs activités.

Le Crestois N° 2, du 5 mai 1900
L'imprimerie du Crestois vers 1910
Mariage de Michel Bourde et Claudette Pluvy
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