Andrée Monier fut la première femme conseillère générale de la Drôme, organisme qui, comme tant d’autres, est resté très longtemps un bastion masculin.
Au départ, rien ne pouvait laisser présager cette destinée pour une Vauclusienne, née en août 1922 à Bollène la Croisière au sein d’une famille de petits exploitants agricoles. Entrée dans la Résistance en juillet 1943 dans le Vaucluse, les circonstances de plus en plus dangereuses l’amènent à s’installer à Valence. La famille passe dans la clandestinité. Andrée poursuit son activité résistante comme agent de liaison des FTPF et responsable du FUJP (Front Uni des jeunes Patriotes). À la Libération, elle reste à Valence, militant au sein de l ’UFF (Union des Femmes Françaises).
Aux élections cantonales des 7 et 14 octobre 1951, Andrée Monier est présentée comme candidate du PCF pour le canton de Valence ; elle est largement élue mais son mandat sera difficile : seule femme sur 28, inexpérience de la vie publique, benjamine de l’assemblée (29 ans), représentante d’un parti défini alors non plus à gauche « mais à l’est ».
Elle sera, tout au long de son mandat, soutenue et épaulée par Maurice Michel, alors député communiste de la Drôme.
Son action, courageuse, inlassable, fut guidée par les positions du Parti communiste et cela d’ailleurs lui vaudra des moments difficiles, notamment face à Maurice Pic en novembre 1956, lors de l’intervention soviétique en Hongrie.
Elle ne se représente pas en 1958, Gabriel Coulaud, maire communiste de Portes-lès-Valence étant alors désigné.
Lorsqu’elle évoque aujourd’hui ces années du Conseil Général, au-delà d’une bien légitime fierté d’avoir « servi », Andrée Monier conserve le douloureux souvenir de la femme seule face à 28 collègues qui ne lui auront laissé rien passer.
Mais son devoir accompli aura tracé les voies de l’avenir du rôle des femmes au sein de l’Assemblée départementale.