Philis est née deux fois, dans les Hautes-Alpes et dans le même lieu, Montmorin, village situé au fond de la haute vallée de l’Oule.
En premier, sa naissance « biologique » le 5 janvier 1645, de Françoise et Pierre de la Tour-Gouvernet qui possédaient à Montmorin un château.
En second, sa naissance « historique », 47 ans plus tard, a eu aussi pour cadre Montmorin lors de l’invasion du Dauphiné par les troupes du duc de Savoie en 1692. C’est dans ce lieu qu’intervint Philis, point de départ de son aura.
Pour le reste, Philis est tout à fait drômoise, sa famille étant originaire des Baronnies.
Si on connait l’existence de Philis, on le doit aux relations qu’elle a eues à Nyons avec Madame des Houlières, auteur de poésies influencées par la préciosité. À son contact, Philippe – son véritable prénom – devint Philis (patronyme très à la mode dans l’Astrée d’Honoré d’Urfé).
D’abord moquée et ridiculisée, (voir le poème de Madame des Houlières et une lettre de Madame de Sévigné à sa fille), c’est une Philis triomphante qui monte à Paris pour y être reconnue, gratifiée par Louis XIV d’une pension annuelle de 2 000 livres, portraitisée par Pierre Mignard… Le fait d’armes qui lui valut sa réputation semble en fait bien limité : elle a sans doute poussé les villageois de Montmorin à repousser une bande de soudards en maraude ; mais une lettre publiée dans le Mercure Galant du 30 septembre lui prête un rôle disproportionné. Sa légende était lancée.
En trois siècles, les marques de reconnaissance les plus diverses (portraits, citations d’écrivains, statue, nom donné à des lieux publics et bien d’autres encore) ont fait que finalement le vrai personnage de Philis de la Charce reste plutôt méconnu.