Jeanne de Flandreysy (Valence, 1874 – Avignon, 1859) a-t-elle été une femme de lettres érudite ou bien une demi-mondaine intrigante ?
Son portrait par Helleu la montre très belle, mais les sujets de cet artiste sont souvent interchangeables, ce qui pose la question du réalisme de l’œuvre…
Le père de Jeanne gagne Paris où il collabore à des revues littéraires, s’engage pour 7 ans dans l’armée puis revient à Valence vivre en rentier. Membre actif du Club alpin français, ce latiniste passionné, poète et archéologue appartient plus de vingt ans à la société d’archéologie.
Cela peut-il expliquer le vif désir de sa fille d’être reconnue ?
En tout cas, son premier acte d’indépendance est de se forger un pseudonyme flatteur en s’inventant un mariage en Écosse avec un M, de Flandreysy aussitôt disparu.
Commence pour Jeanne de Flandreysy une période parisienne où ses réceptions alimentent la chronique mondaine du Figaro. Ses hôtes sont célèbres, dont Jules Charles-Roux, personnage considérable qui apporte son soutien financier au félibrige.
Mais elle avait sans doute du mal a être une créatrice.
Comme le dit Chabanis, « elle sentait davantage la nécessité de publier que celle d’écrire ».
En 1918, Jeanne rachète une vieille demeure du XVe siècle, le Palais du Roure, avec l’aide financière de son père, et y crée un musée de l’Humanisme méditerranéen. Elle va désormais consacrer la seconde partie de son existence à rassembler des collections d’archéologie, d’iconographie et d’épigraphie.L’ « Abbesse du Roure » meurt dans la discrétion le 15 mai 1959 et repose à Valence, dans le caveau familial.