Avant la Révolution, l’éducation des enfants était confiée à des « précepteurs de jeunesse » itinérants, quand les communes voulaient bien leur fournir un local et une partie de leur salaire, le reste étant payé par les familles. Cette instruction, qui ne concernait que des familles aisées, avait lieu seulement en hiver et quand un maître s’était présenté…
La Révolution tente bien de promouvoir l’éducation du peuple, mais la période est trop tourmentée pour que cela aboutisse. Le budget communal, à partir de 1794, ne mentionne plus les gages des instituteurs.
En 1833, la loi Guizot exige un instituteur dans chaque commune, payé en grande partie sur le budget communal, le reste étant dû par les familles.
Un « brevet de capacité », institué en 1816, était nécessaire, octroyé selon les critères moraux et religieux de l’époque ; l’instituteur, en plus de l’instruction des enfants, était chargé de toutes sortes de tâches au service de la commune.
En 1850, la loi Falloux améliore un peu, en théorie, le sort matériel des instituteurs, mais le Conseil académique qu’elle crée et duquel l’évêque est membre de droit, fait la part belle à la religion.
Cette époque voit un changement important dans le mentalités : grâce au percement des Goulets (1843-1854) les hommes, les marchandises et les idées circulent. La nécessité de l’éducation des filles devient plus évidente et on commence à recruter des institutrices. Mais dans la pratique les choses ne sont pas faciles : rivalités parfois ouvertes entre le Préfet et le Conseil municipal, conditions de travail catastrophiques (nombre d’élèves, locaux, matériel pédagogique).
La naissance, en 1857, de l’école de Tourtre et son fonctionnement jusqu’en 1984, date de sa fermeture, constitue un bon exemple de la vie d’une école rurale.
Si avant le Second Empire la mainmise de la religion ne fait aucun doute, à partir de cette époque les idées laïques commencent à circuler, même jusque dans les petites communes, et des affrontements, parfois très violents, ont lieu, permettant toutes sortes d’interventions occultes et malveillantes, règlement de comptes, sur le terrain de l’enseignement.
L’article de Madame Rouveyre relate avec beaucoup de détails et d’anecdotes la succession de ces conflits, en une véritable « saga », pleine de rebondissements.
L’affaire de l’instituteur Algoud en est un exemple, affaire qui trouvera son terme à la veille des grandes lois de 1881.