Par Pierre Vallier et Jean-Paul Ferlay
Études drômoises n° 23 (octobre 2005)
pp. 22 à 29
Résumé d’après l’article
Bernard Cathelin est né à Paris en 1919. Après des études classiques aux lycées Carnot, Janson de Sailly à Paris, puis au lycée Émile Loubet à Valence, il entre, après la guerre, à l’École Nationale Supérieure des Arts Décoratifs. Il est déjà très attaché à la Drôme, le département d’origine de sa mère, où il venait passer les trois mois d’été.
Dès 1947, il devient professeur, son talent est reconnu ; il reçoit des prix puis, en 1951, c’est la rencontre avec Matisse qui lui prodigue enseignements et conseils.
Après son mariage en 1954, il se consacre entièrement à la peinture. Cette même année, il expose à New York, à la galerie Findlay et le New York Herald Tribune lui consacre une couverture.
Commence alors une longue série de voyages de par le monde : Amérique du sud, Asie, Océanie ; il deviendra un des peintres préférés des Japonais.
Il entreprend en 1990, au Japon, la réalisation de 6 lithographies monumentales (2,5m par 1,5m !). En 1991 il réalise l’affiche Hommage à la Drôme qu’il offre au comité départemental du tourisme.
En 1997, une rétrospective de 40 années de peinture est organisée au musée des Beaux-Arts de Valence et la ronde des expositions se poursuit dans le monde entier.
Le 17 avril 2004, il meurt à son domicile parisien, mais a été inhumé à Montéléger, auprès de sa mère, dans cette terre drômoise qu’il a tant aimée.
Pierre Vallier, qui a bien connu Cathelin, n’a pas de mots assez chaleureux pour exprimer l’admiration qu’il éprouve pour sa peinture : sensuelle, poétique, charnelle, construite comme des actes de foi, classique…
Cathelin, dit-il, peint l’invisible.
C’est au cours d’une visite de l’Hôtel du Département, en février 1994, que les élèves du CM2 tombent en arrêt devant l’affiche Hommage à la Drôme. Cathelin, ce nom ne leur dit rien, mais ils sont sous le charme. De retour en classe, ils creusent le sujet, entreprennent des recherches, découvrent la biographie de Cathelin. Apprenant que le peintre réside dans la Drôme, ils décident de lui écrire pour obtenir une interview pour leur magazine : Le Phoenix. Et l’improbable se produit : les 25 enfants sont reçus par le peintre et sa femme à Montéleger. L’année suivante, une autre classe obtient ce privilège et c’est ainsi que la rencontre devint rituelle.
Pour chacune des expositions internationales du peintre, les élèves d’Alixan s’arrangent pour lui faire remettre leur message de félicitations : les ambassadeurs, consuls sont mis à contribution et s’acquittent ponctuellement de leur tâche !
En mai 1996, le hall de l’école d’Alixan se transforme en galerie d’art : « Les affiches de Cathelin », pour la plupart procurées par Régine, la femme du peintre, attirent parents, amis, élus locaux, personnalités, presse.
Cathelin, très ému, annonce qu’il offre à l’école une de ses œuvre : « Grande nature morte jaune et noire » qui trône désormais dans le hall, avec sa dédicace.
L’artiste a aussi permis aux enfants de s’ouvrir à la musique par le biais du festival Saoû chante Mozart, pour lequel il a réalisé une affiche ; les anciens élèves de l’école d’Alixan sont à jamais marqués par cette extraordinaire aventure et le peintre lui-même attendait avec impatience « son bain de jouvence » à l’occasion de cette rencontre annuelle.