Claude Morin, isssu d’une dynastie d’industriels du textile à Dieulefit, décide avec son épouse Florence Seydoux, d’y créer une verrerie, après le dépôt de bilan de l’entreprise en 1969.
Ils aménagent la « Fabrique neuve », un vieux bâtiment d’usine, dans laquelle des fours seront construits par des spécialistes ; mais si les connaissances en chimie de Claude (il est ingénieur de formation) lui permettent de créer une composition, en revanche il découvre la canne du verrier et il lui faut tout apprendre.
Le 27 juin 1970, l’atelier est inauguré ; les pièces produites, dont les formes et les couleurs aléatoires, sont originales et leur usage quotidien leur permet de connaître un succès commercial.
La verrerie du Pontil est le premier atelier artisanal individuel financièrement autonome en Europe; il est original encore par l’organisation du travail : le verrier se déplace du banc de travail au banc à finir pour réaliser seul sa pièce.
En 1973, intervient l’adoption d’un nouveau pontil (la canne à souffler), qui permettra progressivement de souffler seul. Leurs trois enfants commencent leur apprentissage et chacun apporte sa marque personnelle à la production.
Le hasard faisant bien les choses, les Morin nouent des relations avec des souffleurs étrangers (Hollandais, Américains, Allemands) et peu à peu la production évolue vers des pièces décoratives qui perdent leur valeur d’usage. La polychromie n’est plus l’effet du hasard, la forme en spirale prend une place prépondérante et caractéristique, parallèlement les réseaux de commercialisation évoluent vers des expositions dans des galeries prestigieuses.
Nicolas, un fils de Claude, diplômé architecte en 1984, s’associe avec son père (qu’il remplacera en 1994) et apporte lui aussi ses touches personnelles. Indépendamment de leurs qualités artistiques, leur compétences techniques d’ingénieur et d’architecte ont permis la mise en oeuvre de solutions originales et performantes dans de nombreuses étapes de la fabrication du verre.
Les dernières années de son activité professionnelle, à partir de 1991, Claude Morin revient à sa première passion, la sculpture de modèles vivants, mais réalisés en pâte de verre ; ces œuvres peaufinées sans compter (2 à 3 par an, pas plus), surfacées, polies avec amour, obéissent à la seule exigence d’un résultat parfait.