La guerre qui a tragiquement ouvert le XXe siècle n’a jamais cessé d’occuper notre mémoire. Elle suscite encore aujourd’hui une riche réflexion historique.
C’est que rompant avec les conflits européens depuis les Temps Modernes qui tendaient, à côté de la diplomatie, à assurer l’équilibres des Puissances, cette guerre se donne d’entrée comme un affrontement entre la civilisation et la barbarie et exclut de ce fait toute solution négociée. La victoire ne peut être que totale. La guerre présente, de ce fait, des caractères particuliers : extension exceptionnelle dans le temps et l’espace, prise en main par les États des appareils de production, orientation de la recherche, mobilisation totale des corps et des esprits. L’efficacité des armes nouvelles, l’inadaptation de la pensée stratégique font de cette guerre une terrible hécatombe.
Écrasés par le feu, par la vanité meurtrière des attaques, par les bobards du bourrage de crâne, par les privations, les combattants et leurs familles s’écrivent pour survivre. Ils sont les premières générations issues de l’école primaire obligatoire. Imparfaits, certes, ces témoignages pieusement conservés sont d’une richesse irremplaçable pour quiconque est à la recherche de l’intime.