Par Régine Alapetite Escallier
Études drômoises n° 77 (mars 2019)
Ed. AUED, Valence, pp. 24 à 28
Résumé d’après l’article
Au sortir de la Grande Guerre, l’hommage aux maréchaux de France trouvait tout son sens. C’est à un Drômois que l’État passe alors commande de portraits de plusieurs d’entre eux.
Bien que né à Lyon, Jean Patricot est un enfant de Taulignan, par sa lignée maternelle.
Quoiqu’ayant fait sa carrière à Paris, il a toujours gardé une affection particulière pour Taulignan où il a d’ailleurs acheté une maison en 1906 qui devient très vite la résidence principale de la famille.
Il commence un travail de graveur lithographe, obtient à 21 ans le premier grand prix de Rome de gravure. Mais à Paris, il a entamé une seconde carrière en devenant portraitiste.
Au total, à la fin de sa vie, il aura peint environ 175 portraits. Ces nombreux portraits se trouvent soit dans des musées, soit dans les familles des intéressés, et il est heureux que des expositions permettent de temps à autre au public de les voir.
La Grande Guerre aura des répercussions importantes sur la vie et l’œuvre du peintre. Patricot avait la fibre patriotique. En 1914, Patricot a 49 ans et n’est pas mobilisable. Les temps sont durs pour lui, qui n’a plus de travail. Il est solidaire des actions engagées pour l’aide aux soldats, fait des dons de gravures à des tombolas, et continue à voir ses amis, journalistes ou artistes, qui sont restés à Paris.
Il fait jouer ses relations pour obtenir des commandes officielles de portraits exposés au Salon des Artistes. Encouragé par les promesses du « ministre », Patricot met en chantier, en 1915, le portrait du colonel Marchand, devenu ensuite général. En 1916, c’est au tour du colonel Bourdeau de poser dans l’atelier de Patricot. En 1917, il est demandé à Patricot de faire le portrait du général Maunoury. Ce grand soldat, gravement blessé par une balle à la tête, avait perdu entièrement la vue. « Je n’ai jamais peint un aveugle » avoue Patricot. Il a de la peine à fixer ses traits sur la toile…
Il faut attendre la fin des hostilités pour que se succèdent les commandes de l’État qui vont permettre d’affubler Jean Patricot du surnom de « Peintre des maréchaux », commandes qui lui vaudront par ailleurs des envieux. Aux Salons des années 1921, 1922, 1923, 1924 et 1926, figure régulièrement un grand portrait de nos chefs de guerre, en compétition avec des peintres comme Dagnan-Bouveret et d’autres.
Le portrait de madame Monteil, femme du colonel Monteil peint en 1922, est quant à lui visible à Montélimar. C’est le dernier portrait achevé par Patricot avant sa mort en 1928.