Par Danielle Blanc-Bérard et Christian Maurel
Études drômoises n° 75 (octobre 2018)
pp. 3 à 6
Résumé d’après l’article
Le Royans semble avoir eu une tradition métallurgique très ancienne. Sous le règne de Louis XIV, Colbert secrétaire d’état à la marine passe commande de 276 navires de guerre.
C’est dans ce contexte que le Marquis de Sassenage installe en 1672 des Forges à Saint-Laurent-en-Royans. L’affaire semble prospère, bien que l’approvisionnement en charbon de bois reste un problème crucial. Le minerai de Musan qui est du fer oxydé hydraté utilisé d’abord seul sera mélangé, par la suite, à du minerai de fer spathique provenant d’Allevard, au-dessus de Grenoble, « afin d’obtenir un fer de première qualité ou de la fonte propre à la fabrication de l’acier ».
Le charbon de bois est, quant à lui, descendu de la forêt par une « machine », sorte de treuil muni de cordes de chanvre qui a donné son nom au col voisin.
En 1786, c’est Louis Moiroud, natif du Dauphiné, qui est propriétaire des Forges. Il veut améliorer les procédés de fabrication du fer : le procédé de Moiroud consiste :
– sur le plan technique, à modifier dans le fourneau, la forme et la dimension du creuset et l’angle d’attaque de la tuyère ;
– sur le plan organisationnel, à employer deux creusets dans lesquels les deux phases vues précédemment étaient effectuées simultanément, permettant ainsi de diminuer le temps de travail et d’économiser jusqu’à 30 % la consommation de combustible.
1789 : la Révolution a éclaté. La France, attaquée de toutes parts, a un besoin pressant d’armes. Les fourneaux et les martinets de Pérouzet tournent à plein régime.
Suite au décès de Moiroud, les Forges de Saint-Laurent cesseront provisoirement leurs activités.
Deux années plus tard, un dénommé Jean-Pierre Ling, projette de s’installer à Saint-Laurent-en-Royans sur le site abandonné depuis le décès de Moiroud.
Mais l’Administration temporise pour autoriser la remise en service des Forges. Ling s’impatiente et propose la construction d’une route partant du cœur de la forêt de Lente jusqu’au port de Rochebrune, via les Forges. Mais dès le début de 1806, Ling se désiste et disparaît sans qu’on en connaisse les vraies causes.
Après plusieurs changements de propriétaires, l’affaire périclite peu à peu : les Forges de Saint-Laurent cesseront de « battre le fer » autour de 1864.