La borne installée dans le parc de la mairie ne peut correspondre à celle décrite par l’Abbé Vincent du fait non seulement de la différence de taille (même si seule une partie de la borne de la mairie émerge de terre) mais surtout en raison de la nature des inscriptions portées qui n’ont rien de commun.
Sur la borne de la mairie, des indications de direction (apparemment « CHANOS ET CVRSON » d’un côté et « TEIN » de l’autre.
Sur la colonne décrite par l’abbé Vincent, un texte à la gloire de César, sans indication de lieu.
La pierre partiellement enterrée à la mairie est incontestablement l’une de ces bornes romaines dressées dans la région. Modestes bornes marquant un lieu, bornes sommaires, plutôt basses, facilitant l’accès aux montures mais aussi colonnes dressées avec grande élégance, elles rythmaient de façon très irrégulière la « via Agrippa ».
Ce réseau mis en place au Ier siècle avant J.-C., désigné « via Agrippa » du nom de son concepteur, comportait un axe Sud-Nord qui traversait notre région selon l’itinéraire : Arles, Avignon, Orange, Vienne.
Les bornes milliaires n’avaient pas la même fonction que nos bornes kilométriques contemporaines.
Elles indiquaient la distance entre le lieu particulier où elles étaient érigées et une référence, Vienne, en ce qui concerne notre région.
La colonne XXXVIIII réalisée avec un soin particulier sur toute sa hauteur (près de 3 m) relève de cette dernière catégorie pour honorer l’empereur puisque surmontée d’un buste de César.
La colonne milliaire décrite par l’Abbé Vincent est donc trop différente de la borne de la mairie, pour être confondue avec elle.
Découverte au XVIIIe siècle, la borne XXXVIIII de Tain était localisée au début du XIXe dans le domaine d’importants notables locaux, la famille Jourdan. Mais son implantation initiale reste imprécise. Pas davantage de précision sur son installation au cœur de Tain dans le Parc de La Sizeranne.
A-t-elle été transportée de son lieu de découverte vers cette implantation plus ostentatoire ?