La Révocation de l’Édit de Nantes date d’octobre 1685, mais l’exode des huguenots l’avait précédée. L’année après la révocation, le Pasteur Gauthier de Die était déjà professeur de théologie à l’Université de Marburg.
Le 1er novembre 1687, le landgrave de Hesse-Kassel envoya des représentants à Genève pour inviter une partie des réfugiés dans ses états. Il en vint beaucoup. Seize familles, la plupart originaires du Diois, étaient à Marburg ce même automne.
Au printemps 1688, elles se virent attribuer les ruines abandonnées du village de Hammondshausen, situé entre Marburg et Kassel sur une route écartée. Pour attirer les immigrés on les avait dispensés d’impôts locaux et de service militaire, et ils dépendaient directement des tribunaux nationaux.
L’installation à Hammondshausen ne fut pas un succès immédiat. Les premières maisons n’étant que des cabanes, le climat rude au point que les colons en vinrent à menacer de changer encore de pays. On leur fit alors construire des maisons.
En 1700, à la demande du pasteur, le village fut rebaptisé Louisendorf en l’honneur de Louise de Hesse-Kassel. Cette communauté isolée s’est distinguée par la survie exceptionnelle de la langue de ses immigrants.
Il y a eu des crises. « Entre 1761 et 62 des troupes françaises envahirent la Hesse. Des dragons détruisirent l’école et plusieurs maisons. Cela rappelle les dragonnades que les huguenots avaient subies dans leur pays d’origine » lit-on au Musée de Louisendorf.
La tablette commémorative de l’église de Louisendorf, posée le 17 avril 1814 est davantage un ex-voto et un certificat de patriotisme décerné aux trois colons français.
Le tableau commémoratif porte des noms de chez nous : guerres de 1848 et de 1870.
En 1971 la réforme territoriale ôta à Louisendorf son autonomie, elle fut rattachée à Frankenau. Depuis a été créé un « Sentier des Huguenots », itinéraire mémoriel Européen qui va de Dieulefit au nord du Hesse.