Association universitaire d'études drômoises
L'AUED est une association reconnue d'utilité publique qui édite Études drômoises, la revue du patrimoine de la Drôme

Napoléon et la forêt de Lente

par AUED

par Raymond Holyst et Michel Wullschleger

Études drômoises n° 45 (mars 2011)
pp. 25 à 29

Résumé d’après l’article

Au cours des recherches entreprises, pour répertorier les traces importantes de l’activité humaine en forêt de Lente et sur le plateau d’Ambel, nous avons découvert un second décret de l’empereur, signé également au château de Saint-Cloud le 28 juillet 1806.

Le premier décret concernant la propriété des bois, les six communautés villageoises du territoire de Saint-Nazaire ont dû s’organiser pour faire respecter leur droit d’usage contre les Chartreux, propriétaires des forêts.

Le second décret signé le même jour, concerne l’avenir de la forêt de Lente, et en particulier la construction du « chemin de conduite du centre de la forêt de Lente jusqu’à la rivière Isère ».

La compagnie LING., également propriétaire des forges de Saint-Laurent-en-Royans, ce qui peut expliquer le tracé de la route, demanda au Conservateur des forêts de la 17e division, de désigner un géomètre pour établir les plans et le devis d’un chemin passant « par la gorge ou combe de Laval » pour faciliter la sortie des bois de Lente (commune de Bouvante) et leur transport jusqu’au port de Rochebrune sur l’Isère, rivière permettant le flottage des bois.

Le devis et les plans qui l’accompagnent et que l’on doit à Germain Joseph Chabert, géomètre au département de l’Isère, sont conservés aux Archives départementales de la Drôme.

En rive gauche du Cholet, et jusqu’au pont le traversant, sur un territoire dépendant de la commune de Saint-Jean, au prix de travaux fantastiques, la Compagnie LING, adjudicataire, réussit le premier franchissement des falaises du Vercors, entre 1805 et 1807, c’est-à-dire pratiquement un demi-siècle avant l’installation de la route des Goulets.

Elle le fit en combinant près du col de la Machine, le creusement de tranchées, le percement de deux tunnels de 35 mètres, à tort attribués aux chartreux par la mémoire collective, la mise en place d’une chaussée de 4 mètres de large et de 40 centimètres d’épaisseur là où elle n’était pas directement sur le rocher, et la construction d’un pont sur le Cholet, également attribué aux chartreux et parfois daté du XIIe siècle.

Mais les dépassements de devis ont provoqué l’abandon de la construction des deux derniers ponts, sur la Lyonne, au moulin de Saint-Thomas et sur la Bourne, au lieu-dit de « Mane ».

À partir de 1820, et plus encore par la suite, l’achèvement de cette route rencontra de nombreuses difficultés, tant mécaniques que politiques, (climat de rivalité entre Saint-Laurent et Saint-Jean), d’autres choix s’imposèrent et l’on en resta là.

Mais on peut affirmer que les tunnels les plus méridionaux de Combe Laval et le pont du Cholet ne sont pas l’œuvre des Chartreux et que près d’un demi-siècle avant la construction de la route de Pont-en-Royans à la Chapelle par les Goulets, la Compagnie LING franchissait pour la première fois une des falaises du Vercors.

Tunnel dit "des Chartreux", creusé en 1806
Sous la route actuelle de Combe-Laval, on repère le tracé en pente régulière de la route de 1806
Tracé retenu par les promoteurs au début du XIXe siècle

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