Vers 1950-1960, les archéologues ont reconnu l’existence, dans le sud-est de la France, d’une production céramique locale imitant les vases grecs, dont une importante série est constituée par la céramique « pseudo-ionienne », qui a fait notamment la célébrité du site de Saint-Marcel du Pègue, dans la Drôme.
Il s’agit de vases souvent tournés et généralement peints, s’inspirant de la céramique grecque, notamment de la céramique ionienne à laquelle ils doivent leur appellation actuelle.
La pâte, de dureté variable, avec peu d’impuretés, est obtenue à partir d’une argile épurée ; sa couleur varie du jaune au gris verdâtre, en passant par l’orangé, le rose, le beige ou le brun.
Certains vases ne comportent aucun décor, d’autres sont uniformément peints mais les plus originaux sont ornés de motifs bien caractéristiques.
On peut classer les motifs décoratifs en deux types principaux.
L’un comporte des bandes et des filets horizontaux : il s’inspire de la céramique grecque à bandes.
L’autre consiste en des dessins géométriques qui rappellent la céramique grecque géométrique mais les potiers locaux ont également puisé dans leur propre tradition et introduit des motifs géométriques indigènes.
Enfin, on connaît aussi une dizaine de dessins figuratifs qui relèvent de l’art autochtone. Les décors sont le plus souvent orangé, rouge ou brun. Les formes recouvrent une partie de la gamme des vases grecs, mais certains détails trahissent parfois l’introduction de variantes d’origine indigène. Souvent même, les formes traditionnelles réapparaissent de façon encore plus nette dans certains vases complètement inspirés de modèles indigènes.
Les sites de découverte sont répartis le long de la côte méditerranéenne et dans la basse vallée du Rhône. Quelques sites septentrionaux (Jura, Suisse, Rhin) se trouvent sur des axes d’échange entre la Méditerranée et le nord de la Gaule.
Les premières imitations de céramique « pseudo-ionienne » sont apparues au VIe siècle avant J.-C. sur la côte autour de Marseille ; elles furent suivies par des productions de l’intérieur. Au siècle suivant, la production s’étendit à de nouveaux sites et connut alors son apogée, mais, au IVe siècle, les potiers commencèrent à s’intéresser à de nouveaux modèles.
La céramique « pseudo-ionienne » est une vaisselle d’usage courant qui témoigne de la rencontre de deux cultures et dont le style varié révèle le génie artistique des habitants du sud de la Gaule à l’âge du Fer.
On peut voir ces œuvres dans différents musées de la Drôme (en particulier la riche collection du musée du Pègue) et du Gard.