Michel Lémonon est un personnage au parcours assez inimaginable, un homme exceptionnel ayant mené une vie atypique.
Né à Saint-Donat en 1912, dans une famille de notables (le père est médecin), qui pratique un catholicisme profond mais ouvert à tous, croyants ou non, de brillantes études l’amènent jusqu’à la classe préparatoire à l’école normale supérieure en 1931. À la suite d’un séjour en Allemagne, il change de voie, entre au séminaire tout en prenant conscience de la perversité du nazisme et de ses dangers.
Il part travailler dans les mines de Saint-Étienne durant une année, qui lui permet de vivre complètement la condition ouvrière et ses difficultés. Il se syndique à la CGTU. Puis, reprenant sa formation ecclésiastique au grand séminaire de Valence, il s’étonne du peu de place qui y est réservée aux aspects sociaux et constate que nombre de catholiques et de membres du clergé sont « infectés du virus nationaliste ».
Dès l’été 1940, il manifeste, avec des amis, sa volonté de résister, volonté qui trouve matière à Romans où il a été nommé vicaire à Notre-Dame de Lourdes.
Ne partageant pas les opinions du curé, il multiplie les actions courageuses visant à informer ses concitoyens, il participe au blocage du train emportant des jeunes en Allemagne pour le STO et bien d’autres initiatives.
Entre juillet 1943 et septembre 1944, sa route croise celle d’Aragon, ils ont de longues conversations et Michel Lémonon a probablement inspiré le personnage de l’abbé Blomet du roman Les communistes.
À la Libération, il reprend sa vie d’ouvrier, se fait embaucher dans plusieurs chantiers où sa formation et son état d’esprit l’amènent à des responsabilités syndicales importantes, jusqu’à ce jour du 1<sup>er</sup> mars 1954 où Rome met fin à l’expérience des prêtres-ouvriers, ce qu’il vit très mal.
Il cesse alors de représenter l’église, part en Allemagne, reprend des études universitaires à Lyon, puis en Allemagne.
C’est à cette époque qu’il rencontre et épouse Stania Hilgierovna, polonaise polyglotte. Divers emplois se succèdent pour lui car ne supportant pas l’injustice, il se rebelle souvent. En 1972, il soutient avec succès une thèse de doctorat à l’université de Strasbourg, ce qui lui permet d’enseigner jusqu’à sa retraite, en 1978.
Le couple revient alors à Saint-Donat, où Stania décède en 1996. Michel retourne en Allemagne mais sa santé décline peu à peu et il décède à son tour le 29 décembre 2007 à Hambourg.
Selon sa volonté, son corps a été inhumé à Saint-Donat.


