Par Marc Rialhe et Jean Sauvageon
Études drômoises n° 35 (octobre 2008)
pp. 14 à 20
Résumé d’après l’article
Marc Rialhe avait 10 ans en 1942 et il a passé tous les étés à la ferme de ses grands parents à Comps durant les années 1941, 42, 43 et 44. L’enfant n’était pas dans le secret des grandes personnes et ce n’est que plus tard que faits et personnages se sont éclairés.
Madame « Bauer » par exemple, qui venait à la ferme effectuer des travaux de couture, n’était pour lui qu’une réfugiée d’Alsace dont il ignorait la personnalité réelle et les épisodes de sa vie.
Monsieur « Azur », l’un des trois hommes brusquement apparus dans la ferme, et qui y est resté plusieurs jours, logeant dans une des chambres, lui a tout de suite semblé être de la Résistance.
C’est peu de temps après cet épisode qu’une descente de la Gestapo s’est produite à la ferme. La fouille, assez rapide, n’a rien révélé et les « camouflés » avaient eu le temps de disparaître dans la nature.
C’est au cours de l’été 1943 qu’un parachutage de matériel a eu lieu tout près de la ferme, auquel Marc et ses cousins ont assisté.
Souvenir encore de Maurice Braimand, dit « La puce » pour sa petite taille, blessé par la milice en juillet 43 et qui est venu en convalescence au château de Comps.
L’épisode de la radio encombrante aurait pu avoir des conséquences catastrophiques si elle avait été découverte par les Allemands. Cette radio, récupérée à des fins pédagogiques pour le Cours complémentaire, était rangée dans l’école et voilà que les Allemands réquisitionnent ladite école pour en faire un hôpital ! Inutile de vous décrire les inquiétudes des enseignants…
Notes complémentaires de Jean Sauvageon
Le « couple Bauer » est en réalité formé de Hermann Nuding et Ella Winzer, tous deux Allemands anti-nazis, ayant suivi des formations pour lutter contre le nazisme. Pourchassés, arrêtés, libérés, leurs chemins finissent par se rejoindre, Ella travaillant sous les ordres de Hermann.
Ils se retrouvent en France où, considérés comme « Étrangers indésirables », ils finissent par se retrouver à Dieulefit, sous les noms de Joséphine et Jean Bauer, Alsaciens. Aidés par Marguerite Soubeyran, ils participeront activement à la Résistance, rencontrant Louis Aragon et Elsa Triolet. Tous deux occuperont de hautes fonctions après la guerre en Allemagne.
Gaston Vincent, le commandant Azur, poilu de 1914, réformé en 1939, gagne l’Afrique du nord en novembre 1942 et revient en France où ses compétences de radio lui permettre de mettre en place un lien permanent avec Alger, ce qui sera très utile après le débarquement de Provence. Pourchassé par la Gestapo, il passera par Comps, où Marc Rialhe l’aura vu.
Les aléas de la guerre le verront dans la région de Romans, puis à Saint-Donat, puis finalement dans le Vercors, toujours actif pour organiser les communications, monter des réseaux dont les missions seront d’une importance capitale pour la Résistance.
Il décède le 25 juin 1944 à l’hôpital de la Résistance de Saint-Martin-en-Vercors.
