Le profond traumatisme dû à la Première Guerre Mondiale se lit dans la plupart des villages de France. Dans leur grande majorité, les monuments aux morts datent de l’élan commémoratif des années 1920-1930, mais certains sont plus récents : Malataverne en 1986.
Par leur nombre, leurs inscriptions et leur programme iconographique, ces constructions offrent un bon témoignage des sentiments des Drômois, à l’issue de la guerre.
La première fonction est funéraire : on veut se souvenir de ces 9000 morts, disparus dans les combats, soit 3,11 % de la population du département.
Le message civique est clair : le souvenir se veut unanime, un et indivisible comme la République ; c’est « …la commune de … à ses enfants morts pour la France » ; pas de trace des rivalités de toutes sortes qui marquent la vie des villages. De même les noms des morts sont rangés dans l’ordre chronologique ou alphabétique, transcrivant l’égalité républicaine.
Ces monuments montrent l’adhésion en profondeur des Drômois à la morale républicaine. Ils mettent aussi en exergue la certitude d’avoir combattu pour le droit et la liberté, pour le progrès démocratique et républicain contre les forces obscurantistes des empires. La présence du coq gaulois renforce parfois ce message patriotique.
Mais ce message reste néanmoins discret : on ne rencontre pas de monument guerrier, les plus belliqueux pouvant être ceux de Châteauneuf-de-Galaure (un soldat brandit une couronne de lauriers) ou de Charmes-sur-l’Herbasse (le soldat foule un aigle au pied).
Ces monuments laissent transparaître le pacifisme d’une France exsangue, sentiment nouveau, important pour comprendre l’histoire du siècle.